Pour subvenir aux besoins de sa famille désargentée, la jeune Kohana (Michiko Tanaka), issue de la haute bourgeoisie japonais, est envoyée dans une maison de geishas à Yoshiwara, le quartier des plaisirs de Tokyo. En cette fin du XIXè siècle, les maisons closes brassent une clientèle internationale dont celle des marins de passage. C’est le cas d’un navire militaire russe qui y fait escale et dont l’équipage est emmené par le lieutenant Serge Polenoff (Pierre Richard-Willm). Ce dernier, mêlé à une affaire d’espionnage, tombe amoureux de la belle geisha et échafaude un plan pour la sortir de sa condition et fuir ensemble. Mais Isamo (Sessue Hayakawa), le coolie de Kohana veille sur sa maîtresse dont il s’est épris…
Sorti sur les écrans en 1937 et tourné dans un Japon reconstitué et mythifié dans le jardin Albert-Kahn de Boulogne-Billancourt, Yoshiwara est une histoire d’amour passionné à trois personnages: une belle et jeune femme de bonne condition, son ancien et fidèle serviteur et un noble étranger venu la délivrer. En cette période de l’entre-deux-guerres, la mode est à l’exotisme; l’imaginaire colonial d’alors ne peut que fait sourire le spectateur d’aujourd’hui. La reconstitution sent le carton-pâte et le jeu outrancier et gouailleur d’acteurs français incarnant des personnage japonais (Lucienne Le Marchand et Gabriello en particulier) cassent malheureusement le rêve exotique auquel Yoshiwara nous destinait.
Le film de Max Ophüls n’atteint pas les sommets de ses œuvres de l’après-guerre mais on ressort tout de même de cette séance, donnée dans le cadre d’une rétrospective du cinéaste au cinéma parisien le Nouvel Odeon, avec une certaine émotion due à la tragique histoire passionnée du trio amoureux et à la beauté de Michiko Tanaka. Certaines scènes de Yoshiwara sont superbes de poésie et d’inventivité comme lorsque le lieutenant, incarné par le pourtant très fade Pierre Richard-Willm au jeu totalement daté, imagine leur future vie en Russie sur fond d’un décor mouvant ou celles des scènes de poursuites dans la forêt brumeuse.
On l’aura compris, Yoshiwara possède, malgré ses défauts, un certain charme désuet.
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