Dennis (Clark Gable), autoritaire propriétaire d’une plantation de caoutchouc en Cochinchine, voit débarquer dans son domaine une femme de petite vertu, la blonde platine Vantine (Jean Harlow). Cette « fille de joie » comme elle se définit elle-même s’attache au rustre Dennis qui n’a de yeux que pour Barbara (Mary Astor), la distinguée femme de son ingénieur. Rien ne devait lier l’élégante « BB » à Dennis, aventurier aux manières brutales. Pourtant, la vie en promiscuité dans la moiteur coloniale les rapproche irrésistiblement. Un soir de mousson, le couple adultérin conçoit un plan pour vivre leur amour.
La Belle de Saïgon est présenté dans le cadre de la rétrospective Forbidden Hollywood, dans laquelle des films tournés dans les années 1930 à l’ère du Pré-Code possédaient (encore) une certaine liberté de ton, notamment dans les rôles féminins. Parmi eux, citons Female (1933) de Michael Curtiz avec Ruth Chatterton, The Jewel robery (1932) de William Dieterle avec la belle Kay Francis ou The Mind-reader (1932) de Roy Del Ruth avec Warren William.
Dans La Belle de Saïgon, c’est Jean Harlow – Jeanne Harlow, le « désir blond » comme le vante l’affiche française – qui détonne dans ce film tourné par Victor Fleming en studio, dans les décors utilisés pour Tarzan, l’homme singe (1932) de W. S. Van Dyke. Ses tenues légères – elles ne portait jamais de dessous, sa nudité décomplexée ainsi que sa drôle de gouaille insufflent un ton badin dans cette oeuvre qui flirte également du côté du romanesque. Le récit nous place dans un triangle amoureux fait de désirs, de sexe et d’évasion, d’autant amplifiés par les corps humides et la pluie déferlante.
La Belle de Saïgon est un film drôle et impertinent, même si dans la scène finale la raison – sinon la morale – finit par l’emporter. Le spectateur devra également composer avec la vision des colonies à l’époque: les coolies sont forcément fainéants et le valet asiatique totalement idiot… A signaler que Red dust, son titre anglais, donnera lieu à un remake, Mogambo (1953) de John Ford avec toujours Clark Gable qui reprend son rôle aux côtés d’Ava Gardner et Grace Kelly et dont le scénario est signé John Lee Mahin, également scénariste de La Belle de Saïgon.
Ci-dessus: Jean Harlow et Clark Gable.
Ci-dessus: Mary Astor et Clark Gable.
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