Lorsque le peintre Pierre Bonnard (Vincent Macaigne) rencontre sa modèle Marthe de Méligny (Cécile de France), c’est le début d’un long compagnonnage à Paris puis dans les maisons de Vernon et du Cannet, parmi les contemporains artistes de l’époque: Claude Monet et sa femme Alice, Édouard Vuillard ou encore l’égérie du tout-Paris Misia Godebska.
On se rappelle Séraphine (2008) du même Martin Provost, son beau film sur la peintre avec Yolande Moreau. Le cinéaste du sombre Où va la nuit (2011) revient donc à la peinture avec un film biographique du couple Bonnard, le peintre et la femme qui a tant compté dans son œuvre. Jeune fleuriste, Marthe de Méligny emmène Pierre pour la vie de bohème dans leur campagne normande, loin des mondanités parisiennes, où se sont installés à quelques lieues de barque Claude Monet (André Marcon) et sa femme Alice (Hélène Alexandridis).
Martin Provost emmène les spectateurs dans le quotidien du peintre et de sa muse, depuis la période des vaches maigres jusqu’à la reconnaissance, grâce aux différents mécènes, dont Thadée Natanson interprété par le trop rare Stanislas Merhar. Aux années de passion amoureuse succède au lent délitement du couple, revigoré grâce au ménage à trois formé avec la jeune Renée Monchaty (Stacy Martin), avec laquelle le peintre s’échappera vers Rome.
Malgré un sujet foisonnant, une magnifique lumière du chef-opérateur Guillaume Schiffman et des décors bucoliques admirables, Bonnard, Pierre et Marthe n’atteint pas la grâce et la finesse que le projet pouvait espérer. La faute à un récit qui se déploie sur trop d’années, encombré d’une multitude de personnages transparents, étouffant ainsi le sujet principal du film: la vie d’un couple d’artistes où l’un – en l’occurrence Marthe – est voué au sacrifice. Même l’interprétation de la lumineuse Cécile de France, qui porte pratiquement le film sur ses épaules, ne sauve pas ce portrait trop pâle d’artistes.
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