Dans le hameau de Quincy, à Mieussy en Haute-Savoie, une exploitation agricole fournit du lait à la fruitière locale. Deux jeunes éleveurs, Alex et Marc et leurs familles respectives, ont pris la succession des trois frères Bertrand qui avaient eux-mêmes repris la ferme de leur père en 1972. La fanaison qui servira aux vaches l’hiver, la transhumance dans les alpages, la traite des animaux… Autant de gestes ancestrales qui se perdent au profit d’une mécanisation bienvenue pour réduire la pénibilité de la profession.
On avait découvert Gilles Perret en 2012 avec De mémoires d’ouvriers dans lequel le cinéaste donnait la parole à des employés d’usines, notamment ceux du site industriel savoyard d’Ugine. Son film pointait la déshumanisation d’un patronat désormais éloigné et invisible depuis le rachat par des conglomérats et des fonds d’investissements étrangers. Avec La Ferme des Bertrand, Gilles Perret suit une famille paysanne sur près de 50 ans, grâce aux propres images du cinéaste tournées en 1997 pour son film Trois frères pour une vie ainsi que celles de Marcel Trillat datant de 1972 pour l’émission de FR3 Télé Promotion Rurale.
Saga rurale sur un quart de siècle, où le même personnage André Bertrand, l’un des trois frères survivants, côtoie les nouvelles générations dans la ferme familiale, Gilles Perret pose la question paysanne dans un contexte de remise en question des instances européennes et de la grande distribution. Pourtant, dans La Ferme des Bertrand, l’équilibre semble trouvé, notamment grâce aux efforts sacrificiels des trois frères depuis les années 1970 et à l’Appellation d’Origine Protégée dont bénéficie la zone de production du lait.
C’est une aventure humaine que nous propose Gilles Perret, qui connaît bien le village pour y avoir grandi. Elle démarre avec l’immense travail et les investissements colossaux effectués par les oncles et se poursuit par la modernisation de la collecte du lait par les jeunes successeurs. Si le rapport au travail a changé, le soucis de la perfection et l’attention à l’environnement y sont constants.
Ci-dessus: Gilles Perret lors de l’avant-première parisienne au 7 Parnassiens.
Ci-dessus: la scénariste Marion Richoux lors de l’avant-première parisienne au 7 Parnassiens.
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