Rome, quartier populaire du Testaccio. Dans l’immédiate après-guerre, Delia (Paola Cortellesi) éduque ses trois enfants dont sa grande fille Marcella (Romana Maggiora Vergano), bientôt en âge de se marier. De tâches ménagères en menus travaux rémunérés, Delia subit les violences de son mari Ivano (Valerio Mastandrea). Un événement va pourtant libérer la vie de cette femme romaine.
Dans son pays d’origine l’Italie, C’è ancora domani a engrangé près de 5,5 millions de spectateurs dans les salles obscures. Un événement à souligner dans un marché qui a vu chuter sa fréquentation dans les salles de cinéma depuis le Covid. Cette comédie dramatique, pourtant tournée en noir et blanc et se déroulant au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, a touché le cœur des Italiens dans un contexte inquiétant de féminicides. Au moment de sa sorti, le meurtre de Giulia Cecchettin, une étudiante de 22 ans, par son compagnon a suscité une vague d’indignation.
Dans son quotidien de misère et sous les coups de son époux, Delia sacrifie sa vie de femme pour se vouer à celle de ses enfants, en particulier de sa fille. Consciente de son état mais espérant une nouvelle génération libérée, notre héroïne incarne le combat universel de toutes les femmes aspirant à l’éducation, à l’épanouissement et à la liberté. A l’heure où le patriarcat est encore très ancré dans nos société – même en Europe – ce succès phénoménal parle à toutes et tous.
Malgré une reconstitution un peu appuyée et un fade noir et blanc formaté pour les plateformes, Il reste encore demain parvient, sans toutefois les égaler, à rendre hommage aux comédies italiennes de l’âge d’or du cinéma transalpin. On pense au sublime Séduite et abandonnée (Pietro Germi, 1964), au précurseur Du soleil plein les yeux (Antonio Pietrangeli, 1953) ou encore à l’inégalable Bellissima (Luchino Visconti, 1951).
Oscillant entre le drame et la comédie, la réalisatrice Paola Cortellesi – qui tient également le premier rôle – insuffle avec Il reste encore demain une bouffée étonnante de contre-pieds originaux, cassant une réalisation très académique : des chorégraphies pour marquer les violences conjugales, une bande originale contemporaine de Lele Marchitelli, des chansons anachroniques et un cri féministe contemporain. Avec sa troupe d’excellents comédiens, dont le magistral Valerio Mastandrea, la cinéaste réussit son film populaire et retentissant.
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