Les éditions Glénat sortent une magnifique bande-dessinée retraçant un pan de la vie du plus pudique des acteurs français, Lino Ventura. Aux manettes de cette grande réussite, on retrouve Arnaud Le Gouëfflec pour les textes et Stéphane Oiry pour les dessins.

On sait l’extrême pudeur de l’homme. On connaît moins les raisons de son caractère entier, sans concession qui cachent une extrême sensibilité, peut-être liée à l’enfance. Loin d’être une biographie illustrée, « Lino Ventura et l’œil de verre » est la rencontre entre Merlin, un journaliste, et Lino Ventura, ancien catcheur et organisateur de tournois reconverti en acteur.

Le petit Lino est né en 1919 à Parme dans le quartier de la place Ghiaïa, élevé par une mère aimante qui, flanqué de son jeune garçon, débarque à Paris retrouver le père de l’enfant. Lino grandit dans le 9ème arrondissement de Paris, retrouve ses copains dans le square Montholon et fréquente la salle de lutte des Gobelins. Après quelques matches et une blessure, la trentaine passée, Lino passe un essai concluant dès la première prise devant la caméra de Jacques Becker pour son film « Touchez pas au Grisbi » (1954). C’est dans ce film qu’il rencontre « le vieux », Jean Gabin, qui l’adoube. C’est le début de la carrière d’un acteur poignant et exigeant. « 125 rue Montmartre » (1959) de Gilles Grangier, un film récemment restauré par Pathé, montre toute l’ampleur et la profondeur du jeu du grand Lino.

Avec son scénario en puzzle et d’une grande inventivité, le scénariste Arnaud Le Gouëfflec nous emmène dans l’intimité du grand acteur, sans jamais dévoiler son cœur ni ses blessures, le tout avec une profonde douceur et un grand respect tant à l’homme qu’au comédien. Magnifiquement illustré par Stéphane Oiry, « Lino Ventura et l’œil de verre » est un roman graphique passionnant.

Lino Ventura et l’oeil de verre.
Textes d’Arnaud Le Gouëfflec – dessins de Stéphane Oiry
Préface de Jean-Claude Carrière
Editions Glénat.