Nous avons recueilli le témoignage de M. Serge Bouyer qui a bien voulu nous raconter les quelques souvenirs de son arrière grand-père, exploitant de salles de cinémas de la région parisienne dans les années 1920-30.
Un des cinémas que ce truculent grand-père exploitait est encore debout, mais abandonné et délabré: vous pouvez découvrir ce qu’est devenu le Modern’ Cinéma d’Argenteuil dans un article que nous lui avions consacré.
Retour donc dans le passé, dans ce premier quart du siècle dernier, au début de la splendeur des salles de cinéma…
Ci-dessus: Jean-Gustave Bouyer guidant les spectateurs au Modern’ Cinéma à Argenteuil avec à l’affiche La Goualeuse d’Alexandre Devarennes (1914).
Qui était votre arrière-grand-père?
Jean-Gustave Bouyer était l’un de mes arrières grand-père. Il avait été propriétaire de trois salles de cinéma : le Modern Cinéma à Argenteuil, le Capitole à Bagnolet et un autre dont je ne connais pas le nom situé Grande-Rue à Sèvres. Je ne connais pas l’ordre de propriété sachant qu’il est décédé en octobre 1925 à Sèvres à l’âge de 58 ans.
Mon grand-père tenait également un café à Thiais où on servait un excellent petit vin blanc des Charentes, pays d’où il était originaire.
Ci-dessus: Le cinéma Capitole, rue de Paris (aujourd’hui Rue Paul Vaillant Couturier) à Bagnolet. C’est désormais un supermarché. Voir l’article sur le Cin’Hoche de Bagnolet.
Quelle était sa fonction au Modern Cinéma?
Il faisait au Modern Cinéma office de directeur et de projectionniste et sa concubine d’ouvreuse… Le projecteur fonctionnait avec des charbons qui produisaient un arc électrique. Il devait tourner constamment une manivelle et de ce fait, ne devait en aucun cas quitter la salle de projection. Pour l’anecdote, il restait donc assis sur une chaise percée et faisait ses besoins si nécessaire dans un seau hygiénique déposé en dessous car il n’était pas question d’arrêter la projection!
Un de mes cousins, âgé de 80 ans, et ayant connu les lieux après le décès de Jean Bouyer, rendait visite à sa veuve. Il se rappelle le Modern Cinéma, son grand hall carrelé, ses radiateurs en fonte… Un vrai terrain de jeu qui lui laisse, 75 ans après, une belle cicatrice sur le front… Il avait fait une chute sur l’un des radiateurs du cinéma…
Ci-dessus: déjeuner champêtre dans la cour du Modern’ Cinéma d’Argenteuil.
Sur l’une des photos prises au cours d’un déjeuner de famille dans l’enceinte de la cour ombragée du cinéma, Jean-Gustave qui était bon vivant, savoure après le repas un cigare, qu’il coupait avec un petit coupe-cigare en argent.
C’est le seul héritage, avec un stylo plume, que j’ai eu de cet arrière grand-père paternel qui avait fréquenté les Frères Lumière…
Remerciements à M. Serge Bouyer.
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Est-ce le cinéma, donc la salle à gauche en montant la Grand Rue, qui monte à droite après être descendu du pont ? Je suis dans cette salle au balcon je crois, avec un copain au cours d’une perm’ (armée de l’air à Essey les Nancy), donc en 1950. C’est une soirée genre rassemblement JOC. Sur scène, en attraction, un frêle et mince jeune homme arrive, pantalon et polo noirs, et chante après le récitatif de début: « un jour Le diable est venu sur terre, …ça va ! ».
C’était à coup sûr Jacques Brel, pas encore connu.
C’était donc mon arrière arrière grand-père. La seule information que j’avais jusqu’à présent était qu’il avait côtoyé les Frères Lumière !
Merci pour cet article fort intéressant mon oncle 😉