Adresse: 74 rue de la Corderie à Angoulême (Charente)
Nombre de salles: 1
Le 11ème Festival du film francophone d’Angoulême ressuscite d’une manière éphémère le cinéma l’Éperon fermé depuis 1996.
C’est en 1961 que Michel Deschamps fait construire par Pierre de Montaut et Adrienne Gorska, qui ont plusieurs salles à leur actif notamment les fameux Cinéac, une très belle salle moderne de 520 fauteuils. Le duo d’architectes parisiens est aussi à l’origine, en 1937, de la salle du Normandie sur les Champs-Elysées.
L’Éperon est ainsi le premier cinéma de la région a être équipé du fameux Todd-AO avec un écran de 16 mètres de long et 8 mètres de haut.
Le Film français commente cette ouverture: « L’accès se fait à partir de la rue de la Corderie à travers un vestibule au plafond lumineux rappelant celui de la salle. Des photos encadrées par un revêtement de boiseries blondes, accueillent les visiteurs. La caisse est de la même matière le tout rehaussé par des habillages en métal doré. Le dallage de marbre mène vers le hall dont les murs et sols sont revêtus de moquette rubis et or… Tout a été fait pour le confort du spectateur ; aussi a été limitée à 520 fauteuils cette salle qui aurait pu contenir beaucoup plus de places. Elle est conçue en amphithéâtre ce qui assure une visibilité parfaite… L’écran occupe toute la largeur de la salle : il va de mur à mur et du sol au plafond grâce à quoi l’image donne une impression d’environnement total. La façade vue de très loin a été traitée comme un immense signal lumineux ».
Ci-dessus: tout le confort de la salle de cinéma l’Éperon à Angoulême, une création des architectes Pierre de Montaut et Adrienne Gorska.
Ci-dessus: plan de coupe de la salle de cinéma l’Éperon à Angoulême.
C’est avec le film Spartacus de Stanley Kubrick projeté en 70 mm qu’est inaugurée la salle le mardi 30 janvier 1962. Michel Deschamps connaît son affaire: déjà exploitant, l’homme possède de nombreuses salles à Angoulême: le Français, le Valois et le Rio.
Mais avec L’Éperon, il s’agit de créer une salle moderne digne des grands cinémas d’exclusivité parisiens : un matériel de projection en 70 mm, le confort de fauteuils noirs « pullman », l’élégance des draperies ornant les murs… Tout est fait pour impulser une nouvelle modernité dans l’exploitation locale.
Le site municipal de la ville d’Angoulême nous informe du choix du nom de ce cinéma. Un concours fut organisé pour donner une enseigne au futur cinéma. L’Éperon fait référence au lieu et à l’histoire. Le site nous rappelle que «le Duc d’Éperon, gouverneur de l’Angoumois avait fait élever au XVIIème siècle, à ce point stratégique pour la défense de la Cité, des fortifications qui coûtèrent des sommes immenses. Ces considérables dépenses tirées des recettes royales firent dire au roi Henri IV « qu’il ne se chausserait jamais des éperons d’Angoulême » » !
Avec un tel équipement la salle est le lieu privilégié des grandes productions des années 1960 comme Le Docteur Jivago (1965) de David Lean ou Paris brûle-t-il? (1965) de René Clément.
Fermée en 1996 et transformée en salle de spectacle de danse, la salle retrouve provisoirement ses spectateurs du 21 au 26 août 2018 à l’occasion du 11ème festival du film francophone d’Angoulême.
Le 7 août 2020, le réseau des cinémas CGR annonce, après une rénovation complète, la réouverture de l’Éperon transformée en salle Premium ICE avec un effet d’immersion.
Tarifs et programme du cinéma CGR L’Eperon – Salle Ice Premium à Angoulême.
Textes et photos couleur: Thierry Béné
Autres documents: Le Film français
Un article sur le Film Français annonce que ce cinéma, devenu éphémère, retrouverait sa destination cinématographique de façon permanente. Une bonne nouvelle pour les cinéphiles!*
http://www.lefilmfrancais.com/cinema/142759/angouleme-le-cinema-l-eperon-va-devenir-perenne
Le cinéma l’EPERON va devoir quitter la rubrique « cinémas disparus », le film français annonce ce jour qu’il va (re)devenir un cinéma pérenne! Merci au Festival du Film Francophone.
Au ratio 70 mm. je veux dire 2,20:1 évidemment !
Dès la première photo : « un écran au ratio 70 mm. »! c’est le cri du coeur.
C’est tellement rare qu’on ne peut que féliciter Michel Déchamps pour avoir vraiment aimé et respecté une salle de cinéma tellement belle et confortable; comme on les appréciait à l’époque.
Et merci à Thierry Béné d’en perpétuer ici le souvenir.