A l’aube de la cinquantaine, Anna (Julie Gayet) est une actrice qui peine à trouver des rôles, désormais dévolus aux plus jeunes comédiennes. Au même moment, son mari Antoine (Benjamin Biolay), metteur en scène de théâtre, voit sa carrière propulsée. Mais au bout de 20 ans, leur couple s’étiole doucement. Grâce à un mystérieux élixir, Anna parvient à se mettre dans la peau de Delphine (Agathe Bonitzer), la jeune maîtresse d’Antoine.

Pour son premier long-métrage, Sébastien Bailly évoque la fin du couple. Et y distille un étonnant soupçon de fantastique, comme on l’avait vu dans  Vif-Argent (2019) de Stéphane Batut. Son héroïne Anna parvient à prendre en effet l’apparence d’autres femmes grâce à la potion de Mme Peng (Zhiying Yan). De là à détourner Delphine d’Antoine, il n’y a qu’un pas à franchir pour Anna.

Comme une actrice interroge notre société qui érige la jeunesse et toutes les images lisses, dans les publicité, dans les médias, dans les films, en normes quasi-arbitraires et qui engendre des dérives (chirurgie esthétique, dépression, etc.). Désespéré, le personnage d’Anna tombe dans la folie à l’idée d’être remplacée par une femme plus jeune. Cette conquête au teint diaphane, c’est l’admirable Agathe Bonitzer (Au bout du conte d’Agnès Jaoui, 2013) qui l’incarne face à un Benjamin Biolay toujours parfait dans les rôles de mari volage (Les Apparences de Marc Fitoussi, 2020).

Comme une actrice nous confirme l’exceptionnel talent de l’éclatante Julie Gayet, une actrice rare et bouleversante. La dernière scène, comme un rêve dans les ruines ensoleillées d’Ostie et sur la musique de laurent Levesque, est magnifique.