Cela pourrait être une version française du film d’Asghar Farhadi « Une Séparation » (2011) ou une resucée de « La Séparation » de Christian Vincent (1994) adapté de Dan Franck. Il n’en n’est rien. « L’Economie du couple » est une étude magistrale de deux personnes qui se sont aimées et dont les chemins, une décennie plus tard, se séparent. L’heure est à la comptabilité et à la répartition, mais la tâche s’avère évidemment sensible.
Il n’est plus à prouver que Joachim Lafosse est un cinéaste dont l’acuité et le talent participent de films en films à la construction d’une oeuvre originale et exigeante. Cela a commencé avec les dérangeants « Nue propriété » (2006) et « Élève libre » (2008) – ce dernier a révélé Pauline Etienne – et s’est poursuivi avec « A perdre la raison » (2012) et « Les Chevaliers blancs » (2015).
Dans « L’Economie du couple » Joachim Lafosse, sur un scénario co-écrit par Mazarine Mingeot, pose sa caméra dans ce qui fut le foyer heureux d’une famille bruxelloise. Elle, Marie (Bérénice Béjo) est universitaire. Lui, Boris (le cinéaste Cédric Kahn) est architecte. Leur amour a donné deux jumelles et la petite famille, grâce aux soutien financier des parents de Marie, mène un train de vie bourgeois.
Sont-ce les origines sociales qui, irrémédiablement, mènent à une incompatibilité de vie de couple? Ou bien les différences de revenus (Boris ne joint plus les deux bouts)? Pour Joachim Lafosse, l’argent semble l’un des vecteurs qui peuvent construire et déconstruire un couple.
Maîtrisé de bout en bout avec des scènes d’une grande force, Joachim Lafosse semble même nous transporter dans un film de Maurice Pialat, dont sa veuve Sylvie est productrice de « L’Economie du couple ». Le retour de Boris lors d’un dîner auquel il n’est pas convié rappelle l’extraordinaire scène de « A nos amours » lorsque Pialat revient et dégueule sa haine du monde.
Bérénice Béjo n’a jamais été aussi sensible et belle, quant à Cédric Kahn il confirme, outre son talent de cinéaste dont le dernier film « Vie sauvage » est une merveille, un jeu d’acteur tout en sensibilité et en cynisme.
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