Il y a quelques mois sortait sur les écrans « La Belle vie » un joli premier film de Jean Denizot retraçant les derniers mois de la cavale d’un père et de ses deux enfants, une épopée inspirée de « l’affaire Xavier Fortin ». C’est au tour de Cédric Kahn de revenir sur cette histoire incroyable qui s’est déroulée au début des années 2000: pendant plus d’une décennie, un père de famille a caché ses enfants et emprunté les routes de France, du nord au sud, de peur d’en perdre la garde.
Ce père de famille, magistralement interprété par Mathieu Kassovitz, est un homme désespéré et obstiné, marginal aux yeux de la société, qui va inculquer à ses fils des valeurs qui ne correspondent plus à la société de consommation actuelle: retour à la nature, vie en communauté, « sobriété heureuse » pour reprendre les mots de Pierre Rabhi. Mais l’homme qu’est Paco dans le film de Cédric Kahn n’est-il pas en train de façonner ces petits êtres et les empêcher de s’intégrer plus tard en société lors?
Le film de Cédric Kahn se penche sur les tous premiers mois ainsi que les derniers moments de cette étonnante cavale à travers le pays, depuis la Normandie jusqu’en Ariège. C’est inouï qu’ils n’aient pas été retrouvé pendant tout ce temps au grand désespoir d’une mère (interprétée par Céline Sallette). Sans jugement sur l’acte du père, il suit la violence de la séparation avec la mère, la difficulté de s’intégrer dans une société où les nomades, tels des indiens dans l’Amérique colonisée, n’ont plus leur place. Le passage à l’âge adulte des enfants va briser le rêve d’un père utopiste.
Étonnant de sobriété mais tout aussi poignant, le film est une déclaration d’amour d’un père qui, tout en privant les enfants de l’amour maternel, leur a fait vivre une aventure humaine unique.
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