Photo-reporter prolifique disparu dans la fleur de l’âge, Gilles Caron (1939-1970) a immortalisé plusieurs événements importants de la seconde moitié du 20ème siècle: la guerre des Six Jours, le conflit nord-irlandais ou encore la guerre du Vietnam. Un de ses clichés les plus célèbres reste la confrontation, en mai 68, entre un CRS et Daniel Cohn-Bendit, le sourire espiègle. Intégré au sein de l’agence Gamma, Gilles Caron disparaît mystérieusement le 5 avril 1970 sur la route n°1 qui relie le Cambodge au Vietnam.
Avec « Histoire d’un regard », la réalisatrice Mariana Otero adresse une lettre poignante au photographe disparu pour tenter de comprendre l’homme derrière le journaliste. En employant le tutoiement, en le questionnant sur son métier de reporter de guerre, la cinéaste s’interroge – et interroge les spectateurs – sur ce qui pousse un jeune père de famille à prendre les plus grands risques dans les zones les plus meurtrières.
En rapprochant subtilement l’histoire de Gilles Caron avec celle de son propre père, Mariana Otero, avec sa belle voix, son doux phrasé et ses mots poignants adresse au monde cette lettre magnifique d’un humaniste de l’image. Le récit, coécrit avec Jérôme Tonnerre, est d’une grande beauté. Le documentaire de Mariana Otero est à rapprocher des bouleversants films de fiction « Camille » et « Sympathie pour le diable » qui relataient les derniers mois des deux journalistes de guerre Camille Lepage, tuée en Centrafrique, et Paul Marchand, qui couvrait le siège de Sarajevo.
Laisser un commentaire