Futur père de famille, Justin Kemp (Nicholas Hoult) est désigné juré d’un procès d’un homme (Gabriel Basso) accusé de féminicide sur sa compagne. Lors de l’exposé des faits, le juré s’aperçoit que c’est lui qui a accidentellement tué la victime… Une crise de conscience s’empare du jeune homme mais également des avocats (Toni Collette et Chris Messina) lorsqu’ils découvrent la vérité.

D’une fidélité exemplaire, la Warner Bros. sort sur les écrans le nouveau film du mythique et désormais nonagénaire Clint Eastwood qui se mettait encore en scène dans son dernier film Cry Macho (2021). Filmé à Savannah dans l’État de Géorgie, ce nouvel opus d’une facture très classique plonge le spectateur dans l’enfer de la culpabilité.

Le cinéaste possède ce savoir-faire de poser un élément perturbateur dans un environnement paisible. Dans Juré n°2, ce n’est ni un bandit ou un coyote qui vient bouleverser le couple que forme Justin avec Allison (Zoey Deutch), mais, par l’accident qui a commis, le passé enfoui du futur père de famille.

Si le scénario de Jonathan Abrams rejoint avec quelques similitudes celui de Jacques Robert pour Le Septième Juré (1962) de Georges Lautner, Clint Eastwood manie avec dextérité sa caméra dans les esprits des protagonistes, à commencer par l’excellent Nicholas Hoult – physique de gendre idéal et faux lisse – dont la machine infernale qu’il a déclenché se retourne contre lui, et l’ambitieuse avocate de la défense (Toni Collette), plus soucieuse de sa carrière politique que de la recherche de la vérité.

On pense aussi à Enquête sur un citoyen au-dessus de tout soupçon (Elio Petri, 1970) dans la schizophrénie de Justin qui, pour racheter sa bonne conscience, oriente les jurés vers un autre profil de criminel… Si, comme il l’a annoncé, Juré n°2 est l’ultime film d’Eastwood cinéaste, il clôt avec superbe et efficacité une filmographie entamée cinquante ans plus tôt avec Un Frisson dans la nuit (1971).