Lorsque Vivienne Le Coudy (Vicky Krieps) et Holger Olsen (Viggo Mortensen) se rencontrent à San Francisco, c’est le coup de foudre. Tous deux immigrés – elle fleuriste d’origine québécoise, lui charpentier d’origine danoise -, ils partent cette année 1860 à la conquête de l’Ouest américain. C’est dans une petite ville du Nevada, Elk Flats, qu’ils envisagent s’établir pour y construire leur nouvelle vie. La guerre de Sécession éclate, Olsen s’engage laissant Vivienne seule.
Nouvelle réalisation de Viggo Mortensen, Jusqu’au bout du monde dépeint la fondation de l’Amérique et ses migrants en quête d’un nouveau départ. On ne saura rien – ou si peu – sur le passé des deux protagonistes si ce n’est que Vivienne a vécu sa jeunesse dans la forêt canadienne avec des parents aimants et qu’Holger fut marié au Danemark.
Dans ce récit aux allures de western et ponctué de nombreux flash-backs, l’acteur de A Dangerous method (David Cronenberg, 2011) adopte dans son film le point de vue de Vivienne, jeune femme farouchement indépendante confrontée à un monde masculin violent. C’est du côté des potentats locaux que le rêve américain s’effrite: le maire corrompu (Danny Huston) associé au riche propriétaire terrien Alfred Jeffries (Garret Dillahunt) y distillent le poison d’une terre encore vierge, refuge tant espéré de nombreuses familles, et livrée aux exactions de quelques uns. C’est surtout le rejeton de ce dernier (Solly McLeod), alcoolique et psychopathe, qui brisera le paradis rêvé du couple.
L’intensité du récit, sa tension dramatique et ses acteurs lumineux font de Jusqu’au bout du monde un mélodrame fordien réussi. Vicky Krieps, vue dans Bergman island (Mia Hansen-Love, 2021) et plus récemment Corsage (Marie Kreutzer, 2022), confirme un talent et une présence inouïs.
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