Il ne serre plus la main aux femmes, traite d’apostats tous les non-musulmans et idéalise son cousin djihadiste disparu en Syrie. Le jeune Ahmed, 13 ans, a bien changé depuis qu’il fréquente un imam de son quartier qui le pousse à mener la chasse aux impurs. Sa mère, ses frère et sœur demeurent totalement impuissants devant le ténébreux Ahmed, sans sourire, replié sur lui-même et en guerre contre toutes et tous. Pire, il tente de tuer sa professeur madame Inès (Myriem Akheddiou), celle-là même qui lui a appris à lire et lui transmis toute la plus belle connaissance…
Jean-Pierre et Luc Dardenne sont revenus du Festival de Cannes 2019 avec le Prix de la Mise en Scène pour ce film d’une sobriété exemplaire sur un sujet délicat, inquiétant et sujet aux débats les plus passionnés. Ils ont choisi l’innocence d’un enfant pour incarner l’islam radical qui gangrène un monde en quête de paix.
Et c’est le choix de cet enfant qui transcende leur sujet: en évoquant de multiples facteurs qui pourraient expliquer – ou pas – sa radicalisation, les frères Dardenne brossent le portrait poignant d’un jeune adolescent malheureux, perdu et fanatisé. Toute la bienveillance du monde, tout l’amour que ses proches ou qu’une jeune fille de son âge, Louise, lui portent semblent impuissants face au dogme radical et morbide. Pourtant, Ahmed est encore un enfant, certes rempli d’idées noires, mais qu’une lueur pourra – peut-être – sauver.
Le duo de cinéastes belges revient avec « Le Jeune Ahmed » à une épure bressonienne et privilégie un casting sans tête d’affiche, chose que les frères avaient abandonné depuis « Le Gamin au vélo » (2011), « Deux jours, une nuit » (2014) ou « La Fille inconnue » (2016). Sur un sujet similaire au dernier film d’André Téchiné « L’Adieu à la nuit » , le film des frères cinéastes est d’une exceptionnelle intelligence.
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