Quadragénaire célibataire et coureur de jupons, Alfonso (Ugo Tognazzi) décide de s’assagir en épousant la jeune Regina (Marina Vlady), issue de la grande bourgeoisie romaine. Derrière l’innocente mariée au visage juvénile se cache une redoutable mante religieuse.

Le distributeur Tamasa ressort la version restaurée et non censurée de ce film que Marco Ferreri (1928-1997) réalise en 1963 et qui vaut à l’irradiante Marina Vlady le prix d’interprétation à Cannes cette année-là. Cette farce douce-amère à la misogynie assumée décrit la longue déchéance d’Alfonso, gentil et pitoyable mâle, face à la prise de pouvoir des femmes – les mère et tantes – et bien sûr de sa jeune épouse. Concessionnaire automobile qui se voyait comme le nouveau capo di famiglia en convolant avec Regina, Alfonso est détrôné d’un statut que des années de patriarcat avaient bâti.

Emmené par l’excellente musique de Teo Usuelli, le duo d’acteurs offre une comédie jubilatoire dans le Rome des années 1960, sublimé par la photographie d’Ennio Guarnieri. Comme toujours, Ugo Tognazzi dont les comédies ressortent sur le grand écran (Dernier amour (1978), Venez donc prendre le café chez nous (1970), …) est magique. Quant à Marina Vlady, sa beauté slave éblouit le beau noir et blanc de ce grinçant Lit conjugal.

Le Lit conjugal, un film de Marco Ferreri