Novembre 1975. Dans l’enceinte du tribunal d’Amiens s’ouvre le deuxième procès de Pierre Goldman (Arieh Worthalter). Cet homme de trente-cinq ans, au passé de militant d’extrême-gauche et de délinquant, est mis en cause dans la mort de deux pharmaciennes, victimes d’un braquage dans leur officine parisienne du boulevard Richard-Lenoir. Défendu par l’avocat Georges Kiejman (Arthur Harari) ainsi que deux autres juristes, maîtres Chouraqui (Jeremy Lewin) et Bartoli (Christian Mazucchini), Pierre Goldman clame son innocence.

Si le genre du film de procès vient d’emblée à l’esprit lorsqu’on évoque le nouveau film de Cédric Kahn, le cinéaste de Vie sauvage (2014) propose dans son nouvel opus, adapté de faits réels, davantage qu’une simple retranscription des débats de l’époque. En effet, c’est bien le portrait d’un homme complexe, Pierre Goldman, que tente de décrypter le cinéaste. Né en 1944, fils de résistants juifs communistes, le prévenu porte sur ses épaules le poids de la mort du peuple d’Israël durant la Shoah. Rapprochant la cause des juifs de celle des noirs, ce révolutionnaire sans révolution, intellectuel et théoricien, s’égare dans des braquages avant d’être condamné à la réclusion à perpétuité.

Brillamment mis en scène, sans la moindre fioriture mais avec la recherche constante d’une proposition de cinéma, le passionnant huis clos est immensément interprété par Arieh Worthalter, un acteur qu’on avait découvert dans le très noir Bowling saturne (2022) de Patricia Mazuy. Visage émacié, regard noir, tribun implacable, le comédien incarne magnifiquement un troublant Pierre Goldman au côté d’Arthur Harari – cinéaste de Diamant noir (2016) et Onoda (2021) – dans celui du ténor du barreau Georges Kiejman.

Une œuvre glaciale qui laisse une part de mystère et de doutes sur un personnage hors normes.