Corse, été 1995. Lesia (Ghjuvanna Benedetti), 15 ans, retrouve son père Pierre-Paul (Saveriu Santucci), confiné dans une villa isolée du maquis. L’adolescente comprend que son père, chef de clan, est la cible d’un réseau rival. Traqué, Pierre-Paul emmène malgré lui Lesia dans sa cavale.
Un cinéaste est né. Julien Colonna, pour son premier long-métrage, s’inspire de son histoire personnelle – il est le fils de Jean-Jérôme Colonna (1939-2006), un des anciens parrains de la Corse-du-Sud – pour cette fiction âpre et haletante. Tourné sur l’Île-de-beauté – décidément inspirant les réalisateurs ces derniers temps tels Le Retour de Catherine Corsini, Borgo de Stéphane Demoustier ou A son image de Thierry de Peretti – Le Royaume est avant tout le portrait d’une jeune adulte qui se construit à l’ombre de son charismatique père et in fine épouse sa violence. Déclenchant « la colère des Dieux » dans les guerres de vendetta, l’appartenance au clan et l’héritage familial sont plus forts que tout.
En déroulant son récit à travers le regard bleu de son héroïne, Julien Colonna porte un regard différent sur les guerres qui ravagent les familles corses. La vendetta violente que subit le clan précipite l’amour filial et favorise nécessairement le déterminisme de la jeune femme. Dans son chemin initiatique, le temps d’un été brûlant, Lesia passera de la naïveté de l’enfant à la détermination sans faille de l’adulte.
Révélations de ce film très inspiré, les acteurs amateurs Saveriu Santucci et Ghjuvanna Benedetti qui forment le duo père-fille sont criants de vérité. Mise en scène étudiée, scénario qui emprunte à la tragédie grecque et casting parfait font du Royaume une œuvre nécessaire dans la filmographie des cinéastes corses.
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