Malgré la précarité dans laquelle elle vit, la famille Shibata est, à priori, une famille comme les autres. Une grand-mère, des petits-enfants et un gendre composent la cellule familiale japonaise où les combines et la débrouillardise permettent de survivre au jour le jour. Un soir, Nabuyo (Lily Franky) et Osamu (Sakura Ando) recueillent une petite fille prénommée Juri. Ce qui caractérise la notion de famille chez les Shibata, ce ne sont pas forcément les liens du sang…

Le nouveau film du prolifique Hirokazu Kore-eda, quelques mois après « The Third murder », est revenu auréolé de Cannes en remportant la Palme d’Or 2018. Il s’inspire d’un fait divers survenu au Japon où une enfant, alors qu’on la pensait kidnappée, avait été recueillie par une famille. A partir de ce récit, le cinéaste livre ainsi une réflexion passionnante et sensible sur la notion de famille. Une tribu gérée comme une petite entreprise par la matriarche. Une communauté qui s’est unie par intérêt, sans forcément partager les liens du sang, Une famille qui ne conçoit pas l’accueil de Jiro comme un enlèvement « puisqu’elle ne demande pas de rançon »…

Alors que Osamu vole des biens et des vivres dans les magasins et initie même son fils à la fauche, sa belle-sœur Akira (Mayu Matsuoka), déguisée en écolière dans un peep-show, exhibe ses charmes tandis que sa demie-sœur Nabuyo travaille dans une usine de blanchisserie… Les enfants ne prennent pas le chemin de l’école qui, selon le père, est « un lieu pour les enfants qui n’ont pas de famille qui leur enseigne ».

Hirokazu Kore-eda revient donc à son thème de prédilection, la famille. Il nous avait charmé avec « Notre petite sœur » (2015) et « Tel père, tel fils » (2014). Le cinéaste nippon, une fois de plus, narre un récit sensible et profond, toujours avec une grande délicatesse. La scène de la journée à la plage sous les yeux de la grand-mère Hatsue (Kiki Kirin, décédée récemment) est magnifique.