Sur la charmante place du Pâtis de l’Isle-Adam se dresse le cinéma Le Conti, un complexe indépendant de cinq salles qui atteint une capacité totale de plus de 750 fauteuils. A ce même endroit, il y a 100 ans, un chapiteau ambulant assurait déjà des projections de ce qu’on appelait alors le cinématographe!

L’Isle-Adam et le cinéma, c’est un siècle d’histoire commune qui, pour le propriétaire du Conti, doit se poursuivre. Frédéric Gramont se bat  pour que subsiste « le cinéma de proximité » qui pourrait être malmené par un projet de multiplexe aux alentours de l’Isle-Adam. Le dynamique directeur du Conti prend les devants en rénovant ses salles, en les équipant de technologies à la pointe comme le son Dolby Atmos et en proposant toute une palette de films pour satisfaire le public local le plus nombreux. En questionnant le directeur de ce cinéma indépendant, Salles-cinema.com poursuit ses rencontres avec ceux qui font le cinéma.

Interview de Frédéric Gramont du cinéma Le Conti à l’Isle-Adam:

Quand est né le Le Conti, le cinéma de L’Isle-Adam?

Le Conti comme il existe maintenant a été inauguré en 1978 quand mes parents ont transformé la salle unique, qui s’appelait alors Le Lumière, en un complexe de trois salles. Mais le cinéma existait déjà bien avant cette date!

Ce cinéma a vu le jour dans les années 1920. Cependant, dès 1914, un forain ambulant, monsieur Cordel, s’installe sur cette même place du Pâtis et assure aux habitants de L’Isle-Adam les projections du cinématographe. Mobilisé pour la guerre la même année, il a la chance d’y revenir en 1918. Avec sa femme, qui a maintenu le chapiteau durant son absence, ils décident d’acheter ce petit lopin de terre sur lequel est bâti l’actuel Conti. Il décide ainsi d’y bâtir une salle de cinéma qui prit pour nom celui des pionniers du cinématographe, les frères Lumière.

Bien des années plus tard, dans les années 1970, pour survivre à la baisse de la fréquentation des salles, beaucoup d’exploitants de cinéma ont été contraints de diffuser des films violents voire pornographiques. Le Lumière s’était lui aussi engouffré dans cette brèche. En le baptisant Le Conti, mes parents ont souhaité redonner au cinéma de L’Isle-Adam ses lettres de noblesse.

Vous êtes ainsi issu d’une famille d’exploitants de cinémas.

Nés l’un et l’autre le même jour de la même année, mes parents ont embrassé cette profession après un premier métier: la boulangerie. C’est suite à une forte allergie de mon père pour la farine – un comble pour un boulanger – qu’ils décident de se reconvertir dans le cinéma! En 1955, ils achètent à l’Isle-Adam le Sélect, une ancienne salle paroissiale devenue privée et reconvertie en cinéma de 340 fauteuils, Le Sélect, situé au 5 de la rue Bergeret.

C’est en 1960, après plusieurs propriétaires successifs que mon père se porte acquéreur d’un cinéma à vendre dans la commune, Le Lumière.

Quels ont été les grands étapes du Conti?

Les années 1970 et 1980 et les difficultés rencontrées par les salles de cinéma ont contraint Le Conti à diviser la salle unique du cinéma en trois salles puis en cinq salles. Aujourd’hui, le bâtiment d’origine abrite un multisalles de belle capacité. Cela nous permet avant tout de diversifier l’offre cinématographique de la commune. En tant qu’unique cinéma de l’Isle-Adam, nous souhaitons que Le Conti convienne à tous les goûts des spectateurs. Nous nous efforçons d’assurer une diversité de l’affiche.

L’autre grand tournant du Conti est l’arrivée du numérique dans les années 2010. Nous avons recherché un financement pour permettre l’équipement de ce matériel coûteux. Comme tous les cinémas de France, Le Conti est lui aussi éligible au Soutien Financier de l’Etat à l’Industrie Cinématographique (SFEIC), le fonds de soutien du CNC (Centre National du Cinéma) pour la recherche de financements.

Enfin, en 2013, nous avons installé le son Dolby Atmos dans une de nos salles. Nous sommes ainsi parmi les premiers à avoir équipé un cinéma avec cette technologie de pointe!

Vous avez lutté, au côté d’un exploitant d’une commune proche, contre le projet d’implantation d’un multiplexe.

Je reste en effet persuadé que l’implantation d’un multiplexe nuirait au cinéma de proximité à L’Isle-Adam comme à Méru, où un cinéma assure également cette mission. Le Conti comme Le Domino de Méru sont en plein cœur de la ville et on y observe d’ailleurs un regain d’intérêt pour les commerces de centre-ville. C’est la raison pour laquelle je suis persuadé que Le Conti a sa carte à jouer. Le combat contre ce projet d’implantation n’est pas terminé et reste un véritable sujet pour nous.

Pourquoi faut-il aimer le cinéma en salles?

Selon moi, un film se regarde en groupe, dans une salle de cinéma et non isolé devant un écran de télévision ou de smartphone. C’est toute la différence et c’est déjà immense!

En bref:

  • 1914: sous un chapiteau ambulant, le cinématographe s’installe place du Pâtis.
  • 1920: une salle de cinéma est construite à l’emplacement du cinéma ambulant: Le Lumière.
  • 1978: la salle est divisée en trois. Le Lumière change de nom et devient Le Conti.
  • 1986: deux salles supplémentaires sont créées.
  • 2010: le Conti s’équipe de projecteurs numériques.
  • 2013: le son Dolby Atmos est installé dans une salle du Conti.

Copyright texte et photos: Salles-cinema.com

Remerciements à M. Frédéric Gramont.

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