Ci-dessus: Portrait d’une actrice des années 1930. Cette photo ornait le hall du cinéma Gaîté-Palace de Gentilly.
Du 18 au 3 juillet 2011, une exposition a enchanté tous les cinéphiles au Générateur, un centre d’art et de création situé à Gentilly (Val-de-Marne), à la lisière de Paris: « Kinosapiens ».
Du cinéma Gaîté-Palace au centre d’art et de création le Générateur:
Le Générateur n’est autre qu’une ancienne salle de cinéma de Gentilly qui avait pour enseigne le Gaîté-Palace. A l’instar d’un bon nombre de cinémas de quartier, après 50 années de bons et loyaux services, la salle de Gentilly baisse définitivement son rideau dans les années 1970.
Le bâtiment, avec sa façade de béton très typique des cinémas d’avant-guerre (elle date de 1932), est toujours debout et propose une exposition temporaire dédiée à la mémoire du lieu. On découvre des documents, des archives, des photos et des témoignages de cet ancien cinéma de quartier de Gentilly. Toute une époque!
L’exposition « Kinosapiens »:
Dans l’espace occupé par l’ancienne salle, c’est une multitude d’objets et souvenirs de cinéma qui racontent l’exposition. Depuis les anciens projecteurs, en passant par les photos et plans de la salle jusqu’au matériel promotionnel (affiches, portraits, etc.).
Un parfum des années 1930, portraits d’actrices.
Parmi les différents objets exposés, ces tirages photos colorisées 355mm x 280mm datant des années 1930. « Kinosapiens » n’a pas trouvé (avec certitude) l’identité de ces deux actrices de l’époque. Ces portraits étaient placés sur les murs du hall d’accueil des cinémas de l’époque. Amis cinéphiles, saurez-vous les reconnaître?!
Ci-dessus: Autre portrait d’une actrice des années 1930 qui décorait le hall du cinéma Gaîté-Palace de Gentilly.
Outre les affiches, projecteurs, et autres souvenirs de cinéma, le fils du dernier propriétaire du Gaîté-Palace nous évoque un objet insolite (photo ci-dessous) qu’on pourra découvrir durant l’exposition. Il s’agit d’une chambre de compression.
Parmi les objets exposés, vous en remarquerez un assez insolite qui est une association d’une « chambre de compression » type 30150 de « Western Electric » avec un pavillon de grande dimensions de fabrication artisanale locale. Le but étant de sonoriser avec ce Haut-Parleur une salle de cinéma de 600 places. La membrane du « moteur » était alimentée par un des premiers amplificateurs à tubes à vide. On y trouvait un étage de puissance dont le transformateur de sortie délivrait une puissance de … 6 watts sous 15 Ohms. La puissance était délivrée par deux triodes fonctionnant en « push-pull ». Ce montage de Haut-Parleur à pavillon est présenté en fonctionnement dans l’exposition Kinosapiens et est réglé en sourdine, uniquement à titre de curiosité.
Une anecdote du Gaîté-Palace de Gentilly.
Jean Koempgen fut le dernier propriétaire du cinéma, avant qu’il ne ferme définitivement ses portes. Outre la gestion de la salle, il fallait de temps à autre retrousser ses manches et faire preuve d’ingéniosité. Son fils nous raconte une histoire pas banale qui survint à l’arrivée du CinémaScope en France:
1953 voit l’arrivée du CinemaScope nouveau format de la « 20th Century Fox » qui deviendra un standard et entrainera de gros investissements pour les exploitants, tant en salle qu’en cabine de projection.
Le 30 juin 1948, ( voir facture ci-dessous ) mon père achète 2 projecteurs Ernemann 2 d’occasion chez Film et Son pour remplacer les Ernemann 1 devenus obsolètes. En 1953 la firme « 20th Century Fox » lance le format CinemaScope, issu de l’invention optique du français Henri Chrétien en 1926, l’anamorphoseur.
Il fallait impérativement passer des films en Cinémascope, sinon la salle était vouée à la disparition. Ce dispositif nécessitait de placer devant l’objectif du projecteur un « anamorphoseur Hypergonar », complément optique lourd d’environ 25 cm de longueur. Les appareils de projection de l’époque étaient conçus avec un obturateur devant l’objectif, ce qui les rendait inutilisables pour le Cinémascope. Mon père n’avait pas les moyens d’acheter à nouveau des projecteurs, d’autant plus qu’il fallait les acheter neufs, conçus spécialement avec obturateur situé entre le film et l’objectif…
Il n’a eu d’autres solution que de modifier ses deux appareils Ernemann 2 ( il fit également une modification similaire pour les appareils Ernemann 1 qui étaient en service au cinéma Rex d’Arcueil. C’est à ce moment-là que son apprentissage de « modeleur en fonderie » lui fut d’un total secours!
Il dessina les plans et un artisan mécanicien réalisa la pièce de fonderie en alliage non ferreux usiné. Cette « pièce de moulage », associée à pignonerie et des chaines crantées renvoyait à l’arrière de l’objectif, le dispositif d’obturation du faisceau lumineux. D’après l’importateur Brockliss-Simplex, ce sont les seuls projecteurs au monde qui ont été modifiés pour pouvoir être utilisés en Cinémascope ! Je pense qu’à l’époque, si mon père avait eu la « bosse du commerce » il aurait pu vendre nombre de « kits » de modification de projecteurs! Rien qu’en France il y avait des centaines d’appareils à transformer !
De ce fait, ces projecteurs Ernemann 2 extrêmement robustes, régulièrement entretenus et réparés par mon père ont pu continuer à être utilisés jusqu’à la fermeture du cinéma au début des années 1970. 22 ans de fonctionnement pour un matériel acheté d’occasion et transformé, n’est-ce pas une performance ?!
Ci-dessus: Facture de deux projecteurs Ernemann 2 d’occasion chez Film et Son pour remplacer les Ernemann 1 devenus obsolètes.
Copyright: www.salles-cinema.com
Remerciements: M. Gérard Koempgen
En savoir plus:
Interview: flash-back sur les cinémas du Paris des années 1960-1980
Interview: souvenirs de cinémas disparus à travers l’oeil d’un photographe
Le cinéma qui était sur la route du bus 125 était le Galia (ou « cinéma des puces » tellement il y en avait). Je suis né a Gentilly et je m’en souviens bien, il y avait aussi le cinéma des curés avec un balcon. Maintenant rue de la Bièvre, le Gaité-Palace, que d’histoires, lieu de drague, et oui dans le noir on ose.
Ma grand mère ne finissait jamais un film, il était de coutume de participer en élevant la voix. Je me souviens même des attractions pendant l’entracte.Ce fut un autre temps.
Je me rappelle fort bien de ce cinéma anciennement rue Frileuse, la bien-nommée. Habitant les HBM de la rue Gabriel-Péri, ancienne rue de l’Haye, nous descendions a pieds le samedi soir.
Pour moi, gamin, c’était une fête.
Il y avait un autre cinéma sur le parcours du 125 non loin de la rue des Bains-douches. Il a été pris en photo par Robert Doisneau avec un gamin qui traverse la rue.
Pour moi, beaucoup de souvenirs de ces années d’après guerre… J’ai 79 ans! A suivre… et vive le cinéma!
Claude Dehedin
Si c’est une performance, et aussi un bel hommage à son père, et à tous nos pères qui ayant fait carrière dans la projection entre les années 30 et 70, étaient tout à la fois techniciens et artistes !
Cordialement.
sur la première photo c’est l’actrice jean Harlow