Salles-Cinema.com a rencontré Stéphane Gadroy, le Responsable Technique du cinéma parisien Max Linder Panorama.
En plus d’être une des salle mythique toujours en activité, le Max Linder offre trois perspectives différentes (orchestre, mezzanine et balcon), une capacité de plus de 600 fauteuils et une image maximum de 16,20m de base au format 2,39/1.
Stéphane Gadroy nous évoque son métier dans les cabines de projections, ainsi que l’arrivée du support numérique dans les salles de cinéma. Une profession passionnante en pleine mutation en raison de la technologie numérique. L’interview est suivi d’une série de photos des coulisses du cinéma.
Entretien avec Stéphane Gadroy, responsable technique du cinéma Max Linder Panorama:
Enfant, étiez-vous comme le petit garçon du film « Cinéma Paradiso », fasciné par les salles obscures?
La première fois que je suis rentré dans une salle de cinéma, j’ai été impressionné par la taille de l’écran. De plus, le film présenté était « Les Dix Commandements ». Bien des années plus tard, j’ai été amené à visiter une cabine de projection. Et puis, le déclic quand j’ai commencé à manipuler la pellicule et le matériel de projection…
Quel est votre meilleur souvenir de projection ? Et le pire ?
Que du bon. Sinon, je ne serais plus projectionniste !
Les spectateurs se demandent toujours si l’équipe d’un cinéma a le temps de visionner tous les films ?
Dans le cas d’un multiplexe, c’est quasiment impossible. La majorité des copies arrive entre le lundi et le mardi. Dans certains cinémas, les films sont projetés dans leurs salles respectives le mercredi matin. Le projectionniste passe de salles en salles et effectue des contrôles partiels. Par contre, pour les avant-premières, le film est généralement visionné dans son intégralité.
Quel est le quotidien d’un Responsable Technique d’un grand cinéma parisien tel le Max Linder ?
Vu qu’il n’y a qu’une salle, le coté exploitation publique est assez routinier. Après, il y a le coté locations/événements qui demande de la préparation. Entre le premier contact avec le client, les essais image/son et la projection du film… Le temps est souvent passé au téléphone et les courriels sont fréquents. Les contacts avec les fabricants/fournisseurs/installateurs de matériels sont réguliers: commande de fournitures, intervention sur site… Sans oublier, les plannings des projectionnistes à aménager parfois en fonction du service, la recherche d’intérimaires pour les congés, maladie, stages…
Que pensez-vous de l’arrivée des films numériques ? Est-ce une valeur ajoutée pour les spectateurs ?
C’est la fin des rayures, poussières, manque de stabilité d’image, point mou sur certaines copies… De plus, sur projecteur numérique, la luminance et la colorimétrie sont paramétrables.
Le numérique a-t-il modifié en profondeur votre métier ? Des compétences techniques ainsi que des formations professionnelles sont-elles désormais indispensables pour la profession ?
Le CAP de projectionniste a été refondu il y a quelques années et intègre la formation au cinéma numérique. Des stages de formation existent pour les « anciens ». Des connaissances de l’outil informatique ainsi qu’une base d’anglais sont les bienvenus.
Comment recevez-vous les films numériques ?
Les copies arrivent soit sous forme de disque dur externe, soit dématérialisés via un réseau ADSL.
N’y a-t-il pas une porte ouverte au piratage ?
Les serveurs sont sécurisés drastiquement. Les longs métrages sont verrouillés. Le distributeur délivre une clé sous forme de fichier informatique, liée au serveur et au film, pour la diffusion. Certes, cela n’empêchera pas le client lambda de filmer l’écran.
Le numérique généralisé va t-il révolutionner le cinéma dans les salles ?
Le cinéma numérique est une évolution du support projeté… Quant à révolutionner l’exploitation cinématographique, cela me parait difficile.
Une salle de cinéma comme le Max Linder, n’est-ce pas le plus beau cadeau fait au 7ème Art ?
Si c’est le cas, Gabriel Leuvielle en serait certainement très fier! (NDLR: Gabriel Leuvielle est le véritable patronyme du réalisateur et acteur Max Linder 1883-1925)
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Photos des coulisses du cinéma Max Linder Panorama:
Mise en place d’une toile neuve (16,40m x 8,90m) en juillet 2010.
Le cadre d’écran « tout nu » en attente de la nouvelle toile.
Les enceintes d’écran en plan rapproché.
Le projecteur 35mm Kinoton FP30E en place depuis 2005.
Le projecteur 35/70mm Phillips DP70 en place depuis 1987.
Le dérouleur 35/70mm Philips ST270 en place depuis 1987.
Une lampe au xénon usagée de 6 500 w déposée du projecteur numérique.
Les 3 projecteurs du Max Linder ; de gauche à droite : le projecteur numérique, le projecteur 35 mm et le projecteur 35/70mm.
Salles-cinema.com remercie chaleureusement Stéphane Gadroy et l’équipe du Max Linder Panorama à Paris.
Un éternel émerveillement! Somptueux cinéma qui me fait chaud au cœur car en son temps j’ai eu l’immense honneur de visiter la cabine à l’époque où passait les Beatles et aussi Intervista de Fellini. Inoubliable!
Une vraie salle de cinéma conçue et entretenue avec amour et respect du « métier ».
Si la façade était ouverte dans de plus amples dimensions chaque spectateur penserait être dans un Palace.
Ce dossier est remarquablement présenté, voila qui fait plaisir…
Mais je m’arrête là pour ne pas répéter ce que j’ai écrit ici même le 4 décembre 2012 !
L’observation attentive des photos me permet de remarquer sur le mur « THX » la présence des H-P extrème droite et extrème gauche , qui à l’origine étaient prévus pour les films en 70 mm.et leurs 6 pistes magnétiques tel que les projetait le Philips DP 70 (la « Rolls » des projecteurs) .
Le Max Linder Panorama a eu la sagesse de conserver ce fier et magnifique matériel , preuve du réel savoir faire de toute une époque . Sincères félicitations !
Superbe et passionnante rencontre ; visite où on sent la passion et le respect pour un métier trop souvent confisqué par des exploitants commerçants qui n’ont aucun sentiment pour la plus belle invention du 20° siècle . Les photos nous révèlent des coulisses magiques et impressionnantes ,bravo !
D’accord avec sandeaux , particulièrement pour son émerveillement en cabine . Moi aussi j’adorais passer derrière l’écran , j’étais ainsi vraiment dans l’image , et de plus grâce aux perforations transonores j’observais les réactions des spectateurs à leur insu . C’était très révélateur . Cela n’est plus possible avec les murs style « THX » , mais à l’époque de mon enfance j’avais ainsi un sentiment de toute puissance .
Dès l’age de deux ans le cinéma est devenu ma raison de vivre. J’étais capable de rester assis pendant des heures dans la salle de mes parents au Camera de Meknès, Maroc, pour m’identifier aux personnages que je voyais a l’écran.. Parfois, être dans la salle ne me suffisait pas, alors je passais derrière l’écran pour mieux écouter les dialogues, mon oreille collée contre le baffle du haut-parleur de scène. Il m’arrivait de m’installer en cabine, ce lieu magique habité de fantômes, ou l’image et le son règnent en maître. Et là, je contemplais les projecteurs avec leurs lanternes ventrues, ses amplis à lampe et la table de montage, véritable laboratoire avec ses casiers et ses bobines de film. Je restais là a contempler mon jardin secret , ce royaume qui m’a fait rêver 24 images a la seconde. Quand je l’ai découvert, j’avais des étoiles plein les yeux.