Un étrange phénomène se produit sur l’espèce humaine: certains individus se muent inexorablement en créatures animales, provoquant rejet et exclusion. François (Romain Duris) et son fils Emile (Paul Kircher) sont touchés par la mutation de leur femme et mère. Alors qu’elle doit se rendre à un centre de soins, la mère s’échappe… François et Emile seront aidés par une jeune gendarme, Julia (Adèle Exarchopoulos).

Incursion rare du cinéma français dans la science-fiction, Le Règne animal est le deuxième film du cinéaste Thomas Cailley qui avait déjà exploré en 2014 un monde au futur trouble dans Les Combattants. Avec ce nouvel opus, le cinéaste propose une œuvre plus ambitieuse, teintée de créatures monstrueuses et de mélancolie. Impressionnant par certaines scènes tragiques, notamment celles mettant en scène Fix, un homme-oiseau désespéré interprété par la révélation du jeune cinéma français Tom Mercier (Ma nuit d’Antoinette Boulat en 2022 et La Bête dans la jungle de Patrick Chiha cette année), le film mêle harmonieusement les scènes d’actions et les rapports père-fils.

Thomas Cailley propose avec Le Règne animal un beau film d’anticipation, avec son lot de catastrophes et de chasses aux monstres. Il y intègre une réflexion écologique et humaniste où les mutants font référence aux pourchassés d’hier et d’aujourd’hui: le peuple juif, les homosexuels, les migrants. La peur des monstres et de la maladie. Sans abuser d’effets spéciaux et en privilégiant la poésie, le jeune cinéaste offre un magnifique rôle à Romain Duris, la révélation il y a trente ans de Cédric Klapisch dans Le Péril jeune. Il confirme le talent d’Adèle Exarchopoulos (Les Cinq diables, Léa Mysius, 2022) et l’incroyable présence de Paul Kircher, découvert dans Le Lycéen (Christophe Honoré, 2022).