Lorsque le pianiste et homme à femmes Stefan Brand (Louis Jourdan) reçoit la lettre d’une inconnue, les souvenirs rejaillissent petit à petit. Qui est donc Lisa Berndle (Joan Fontaine), son auteure, qui lui révèle la veille de sa mort l’amour fou qu’elle lui porte depuis l’adolescence ?
Adapté de la nouvelle de Stefan Zweig, le film de Max Ophüls (1902-1957), cinéaste allemand alors en exil aux Etats-Unis après une série de films tournés en France est une des grands œuvres romantiques du 7è Art. Avec sa ressortie au cinéma et dans une sublime version restaurée 4K, Lettre d’une inconnue subjugue par sa modernité intacte et son époustouflante mise en scène, des décennies après sa sortie (1948).
L’ingénue jeune femme jouée par Joan Fontaine – impressionnante en adolescente de 16 ans puis en femme mariée de 34 ans – et le beau Louis Jourdan forment un couple dont la rencontre est tragiquement vouée à l’échec. Pianiste mondain et décadent, Brand enchaîne les rencontres amoureuses, peut-être sa seule raison de vivre.
Dans le Vienne du début du XXè siècle, les protagonistes évoluent dans les ruelles sombre et sur les places vides, dans les cafés enfumés ou à l’Opéra, jusqu’au Prater devant un décor peint sublime. La scène dans le train de foire où c’est la toile peinte qui défile – superbe allégorie d’un voyage irréel et fantasmé – rappelle le même dispositif poétique utilisé dans l’étrange Yoshiwara (1937) dans la période française d’avant-guerre du cinéaste virtuose.
La bouleversante confession de Lisa qui livre tout entier son amour est, selon Martin Scorsese, « un de ses films préférés ». Le nôtre également qu’on a le privilège de découvrir – ou de redécouvrir – sur le grand écran grâce au distributeur The Jokers et aux présentations d’Olivier Minne – auteur du livre Louis Jourdan, le dernier French lover d’Hollywood (Seguier) et du journaliste Philippe Rouyer.
Le couple Joan Fontaine et Louis Jourdan se reformera en 1953 dans Pages galantes de Boccace de Hugo Fregonese.
Ci-dessus: Lettre d’une inconnue, à l’affiche au Gaumont Les Fauvettes.
Ci-dessus: l’enthousiaste Philippe Rouyer présente la Séance Ciné Club au Gaumont Les Fauvettes.
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