A Paris, Tomas (Franz Rogowski), cinéaste allemand trentenaire, vit avec Martin (Ben Whishaw), un éditeur américain. Quand il rencontre Agathe (Adèle Exarchopoulos) dont il tombe rapidement amoureux, Tomas remet en question son couple.
On avait quitté le réalisateur américain Ira Sachs avec Frankie (2019) dans lequel le personnage interprété par Isabelle Huppert menait son petit monde à la baguette, à l’heure de sa mort prochaine. Dans Passages, c’est Franz Rogowski qui convoque à lui tout seul un condensé de l’artiste égocentrique et pervers: alors qu’il termine son film – la scène du début donne le ton peu aimable du personnage -, Tomas sort avec la jeune Agathe, une institutrice. Dès lors, tel un marionnettiste, Tomas manipule à son envie Agathe et Martin, victimes de ses mensonges et fantaisies.
Le trio imaginé par Ira Sachs et son scénariste Mauricio Zacharias est largement dominé par Tomas, comme sorti du film de François Ozon Peter von Kant (2022), archétype du personnage fassbindérien névrosé, égoïste et cruel. De fait, les deux autres personnages fonctionnent en retrait devant le monstre détonnant, magistralement incarné par Franz Rogowski, un acteur qu’on avait découvert dans les films de Christian Petzold Transit (2018) puis Ondine (2020).
Conte cruel et drôle, Passages décrit un petit milieu bourgeois-bohème, parisien et autocentré, que seule Agathe, touchante Adèle Exarchopoulos en particulier dans une scène godardienne lorsqu’elle se met à chanter, parvient à rendre un peu humain.
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