Elles viennent enfin de rouvrir. Elles, ce sont les librairies où le beau-livre Le Crépuscule des cinémas de Simon Edelstein paru aux éditions Jonglez attendait ce moment pour être enfin découvert: le cinéphile est d’emblée charmé par la beauté de ces clichés que Simon Edelstein a rapportés et compilés lors de ses voyages.

Beautés fanées depuis des décennies puisque l’ouvrage du photographe explore principalement les grandes salles déchues, « ces temples qui se croyaient immortels, tels des cathédrales ». Pendant plus de dix années et à travers de nombreux pays – en Inde, au Bangladesh, au Liban, aux Etats-Unis, à Cuba, en Angleterre, en France aussi avec le Rex et bien d’autres… – l’auteur mène une quête quasi spirituelle pour retrouver ces nombreux palaces du 7ème art qui, durant leur âge d’or, embarquaient les spectateurs, installés à l’orchestre ou au balcon d’une salle immense, vers l’évasion et les rêves.

Pour les salles encore ouvertes, Simon Edelstein, tel un archéologue du premier siècle du cinéma, saisit avec grâce les sourires et les yeux toujours fascinés des spectateurs, malgré l’état de ruines de certains bâtiments. Dans les foyers de ces palaces d’un autre temps et à l’autre bout du monde, après avoir dépassé le caissier, subsistent parfois un bar comme on n’en fait plus qui permet aux spectateurs de se rafraîchir avant la soirée cinématographique tant attendue.

Les sublimes photographies de Simon Edelstein, qui avait publié Lux, Rex et Corso aux Edition D’autre part, pourraient faire couler plus d’une larme et nous emmener vers notre pire cauchemar: une vie sans salles de cinéma. Certains de ces palais du cinéma, lorsqu’ils ne sont pas délaissés ou détruits, sont reconvertis en hideuses surfaces commerciales. En les transformant en temples de la consommation que sont les supermarchés, n’avons-nous pas mis de côté nos rêves collectifs qu’incarnent les salles de cinéma?

« Les cinémas sont comme le vent, ils passent » écrit avec mélancolie Simon Edelstein qui, en plus d’être un talentueux photographe, se révèle une fort jolie plume. Le Crépuscule des cinémas rappelle la fragilité de ces lieux mythiques et populaires qui accueillent – on l’espère encore pour longtemps face à la menace des plateformes de streaming – le merveilleux Septième art.

Le Crépuscule des cinémas
Simon Edelstein
Préface de Francis Lacloche
Mars 2020, 288 pages.
Editions Jonglez

Le Crépuscule des cinémas - Simon Edelstein

Ci-dessus: le cinéma Picture Palace à Allahabad (Inde), 2017.

Le Crépuscule des cinémas - Simon Edelstein

Ci-dessus: le cinéma drive-in Valley à Auburn (Washington – USA), 2009.

Le Crépuscule des cinémas - Simon Edelstein

Ci-dessus: le cinéma Sahu Palace à Bénarès (Inde), 2017.

Le Crépuscule des cinémas - Simon Edelstein

Ci-dessus: le cinéma Bharatmata à Bombay (Inde), 2012.

Le Crépuscule des cinémas - Simon Edelstein

Ci-dessus: le cinéma Nishat à Bombay (Inde), 2012.

Le Crépuscule des cinémas - Simon Edelstein

Ci-dessus: le cinéma drive-in Bonham à Bonham (Texas – USA), 2008.

Le Crépuscule des cinémas - Simon Edelstein

Ci-dessus: le cinéma Loew’s Majestic à Bridgeport (Connecticut – USA), 2011.

Le Crépuscule des cinémas - Simon Edelstein

Ci-dessus: le cinéma Harvard Square à Cambridge (Massachusetts – USA), 2011.

Le Crépuscule des cinémas - Simon Edelstein

Ci-dessus: le cinéma Palace à Colorado City (Texas – USA).

Le Crépuscule des cinémas - Simon Edelstein

Ci-dessus: le cinéma Midwy à Eureka (Californie – USA), 2009.

Le Crépuscule des cinémas - Simon Edelstein