Adresse: 97-99 avenue du Général-Leclerc (XIVè arrondissement)
Nombre de salles: 2

Dans les années 1970, les entrepreneurs Jo et Sammy Siritzky développent un important circuit de salles rattachées à leur société Parafrance. En 1972 en particulier, les deux frères lancent des projets d’expansion de leurs salles, en particulier à Paris sur la Rive gauche où le groupe exploite déjà les cinémas Publicis Saint-Germain, le Paramount Odéon, l’Arlequin, le Studio Jean Cocteau, le Paramount Gobelins ainsi que le Paramount Montparnasse, qui devient Paramount Gaîté en octobre de la même année.

Non loin du carrefour Alésia, le circuit acquiert sur plans un nouveau site pour l’ouverture d’un complexe de deux salles. L’opération immobilière qui prévoit la destruction du Pathé Orléans et la construction d’un immeuble de logements comprend également une surface en sous-sol pour y loger les deux salles du futur Paramount Orléans.

A l’origine du projet, on retrouve l’architecte Georges Peynet dont la réalisation est commentée par Le Film français : « Un hall aux couleurs vives distribue deux salles en sous-sol. La grande salle totalise 380 fauteuils confortables, la petite salle 180 fauteuils. Au premier sous-sol sont regroupés les services et les toilettes des deux salles. La grande salle a ses murs décorés de structures de bois brunes et blanches. Le sol est recouvert de moquette tête de nègres, les fauteuils habillés de skaï orange s’harmonisent avec le mur gauche, le fond de la salle et le rideau. L’éclairage par projecteurs en acier anime le dessin géométrique des boiseries. La petite salle est mitoyenne avec le fond de la salle principale. Les murs sont tendus de moquette à dessins châtaigne et orange. Le sol brun foncé exalte les couleurs vives des fauteuils. La disposition de ces deux salles a permis la création d’une cabine unique en forme de L. Les salles sont conditionnées. Un soin particulier a été apporté pour donner aux spectateurs une bonne technique et un excellent confort ».

Cinéma Paramount Orléans à Paris

Ci-dessus: la salle 1 en 1974.

Cinéma Paramount Orléans à Paris

Ci-dessus: la salle 2 en 1974.

C’est le 13 février 1974 que le Paramount Orléans ouvre ses portes au public avec à l’affiche deux comédies, Le Permis de conduire de Jean Girault avec Louis Velle et Les Gaspards de Pierre Tchernia avec Philippe Noiret. Ces deux films enregistrent respectivement 2.163 et 2.632 spectateurs lors de cette première semaine d’ouverture.

La programmation du Paramount Orléans propose durant les premiers mois de son activité un grand nombre de films à succès comme Les Valseuses de Bertrand Blier avec Gérard Depardieu, Patrick Dewaere et Miou-Miou à partir du 20 mars 1974, Le Canardeur de Michael Cimino avec Clint Eastwood le 4 septembre 1974, L’Homme au pistolet d’or de Guy Hamilton le 20 décembre 1974 ou Adieu Poulet de Pierre Granier-Deferre avec Lino Ventura et Patrick Dewaere le 10 décembre 1975.

Ci-dessus: Le Canardeur de Michael Cimino avec Clint Eastwood à l’affiche le 4 septembre 1974.

Ci-dessus: La Rivale de Sergio Gobbi avec Jean Piat le 2 octobre 1974.

Ci-dessus: L’Homme au pistolet d’or de Guy Hamilton avec Roger Moore le 20 décembre 1974.

Le complexe affiche bien entendu les multiples œuvres distribuées par Parafrance comme l’immense succès du cinéma érotique Emmanuelle de Just Jaeckin avec Sylvia Kristel le 26 juin 1974, L’Imprécateur de Jean-Louis Bertucelli avec Michel Piccoli, Jean Yanne et Marlène Jobert le 7 septembre 1977, Les Uns et les Autres de Claude Lelouch le 27 mai 1981, Le Choix des armes d’Alain Corneau le 19 août 1981, Coup de torchon de Bertrand Tavernier le 4 novembre 1981, Paradis pour tous d’Alain Jessua, dernier film interprété par Patrick Dewaere, le 25 août 1982, Tir groupé de Jean-Claude Missiaen avec Gérard Lanvin et Véronique Jannot le 22 septembre 1982 ou bien Edith et Marcel de Claude Lelouch le 13 avril 1983.

Ci-dessus: Le Seigneur des Anneaux de Ralph Bakshi le 23 janvier 1981.

L’euphorie de la fréquentation des salles obscures de ce début des années 1980 est de courte durée, ce qui met en difficulté les circuits cinématographiques en général et Parafrance en particulier.

Dans le livre Figures des salles obscures (Editions Nouveau Monde, 2015) de Samra Bonvoisin, Claude Forest et Hélène Valmary, Serge Siritzky évoque les difficultés de Parafrance : « En 83 et 84, l’entreprise se portait mal et le contexte national était difficile. »

Les auteurs précisent la situation de la filiale française de Paramount : « A cette date, la S.A. Parafrance Films possédait 70 écrans répartis en 35 établissements, la plupart en région parisienne. Filiale à 50% de Paramount, elle-même filiale à 99% de Famous Players, la perte enregistrée dans son dernier bilan du 31 mars 1985 s’élevait à 132 millions de Francs ». En 1985, la faillite de Parafrance entraîne la fermeture de 19 salles et la cession de 29 autres à de grands circuits comme Pathé, Gaumont ou UGC.

Dès janvier 1986, Parafrance se sépare de son complexe de l’avenue du Général-Leclerc qui reste néanmoins en activité sous l’enseigne l’Orléans. Radicalement différente, l’affiche de l’Orléans est orientée vers une programmation de salle de quartier avec des films comme Les Interdits du monde de Chantal Lasbats la semaine du 15 janvier 1986 ou bien Le Commando du triangle d’or de Bobby A. Suarez le 30 avril 1986.

Le public n’est guère attiré par la nouvelle politique de programmation de l’Orléans. L’effondrement de la fréquentation entraîne la fermeture définitive du site le 3 juin 1986 après une dernière projection du nanar Conqueror de Avi Nesher et de la série B The Driver de Walter Hill qui enregistrent respectivement seulement 123 et 118 spectateurs durant la dernière semaine d’exploitation.

Textes: Thierry Béné
Documents: Le Film français, Pariscope.