La maternité contrariée est déjà le thème du récent et réussi mélodrame Les Enfants des autres de Rebecca Zlotowski. Le Sixième enfant, premier long métrage du trentenaire Léopold Legrand, aborde également le désir d’être mère, cette fois sur le registre plus radical du thriller social. Le fils du producteur et réalisateur Gilles Legrand (Tu seras mon fils – 2011) a choisi un quatuor d’excellents acteurs pour l’adaptation au cinéma du roman Pleurer des rivières écrit par Alain Jaspard et édité chez Héloïse d’Ormesson.

A presque 40 ans, Anna (Sara Giraudeau) a tout entrepris pour avoir un enfant avec son mari Julien (Benjamin Lavernhe). Entre les fécondations in vitro et les infructueuses démarches d’adoption, le chemin est éprouvant pour la jeune avocate qui voit un jour, par l’intermédiaire d’un client de son mari également avocat, une opportunité inespérée apparaître: acheter l’enfant à naître de Meriem (Judith Chemla) et Franck (Damien Bonnard), un couple de gens du voyage, endetté et déjà parents de cinq enfants.

Entre Paris et Aubervilliers, séparés par la ceinture périphérique, le fossé social et culturel est grand entre les deux familles. Pourtant, et malgré le lien transactionnel établi entre elles, l’amour des enfants va rapprocher les deux femmes, superbement interprétées par deux magnifiques actrices, Sara Giraudeau (Médecin de nuit – 2021) et Judith Chemla (Vif-argent – 2019, Une vie – 2016). Ce film poignant et haletant, mis en musique par le jazzman Louis Sclavis, est une excellente surprise, qui, malgré un sujet qui aurait pu tomber dans la facilité, dépasse l’anecdotique pour en faire une vraie œuvre de cinéma.