Mère célibataire de deux enfants, Sylvie (Virginie Efira) travaille dans une boîte de nuit de Brest. Un incident domestique survenu en son absence provoque le placement de son plus jeune fils dans un centre. Aidée de son fils aîné (Félix Lefebvre) et de ses frères Hervé (Arieh Worthalter) et Alain (Mathieu Demy), Sylvie se bat pour récupérer Sofiane.
Pour son premier long métrage de fiction, la réalisatrice Delphine Deloget, venue du documentaire, nous plonge dans le quotidien d’une femme, dont on ignore le passé, qui lutte au quotidien pour le confort, somme toute précaire, de ses enfants. Lorsqu’elle engage une nouvelle lutte pour récupérer la garde de son fils installé par l’action sociale dans un foyer, cette femme apparemment forte progressivement pied.
C’est certainement ici que la réalisatrice Delphine Deloget est la plus talentueuse en suivant le désespoir et la chute psychologique de Sylvie, merveilleusement incarnée par Virginie Efira, décidément à l’aise dans tous les registres après les récents Revoir Paris (Alice Winocour, 2022), Les Enfants des autres (Rebecca Zlotowski, 2022) et L’Amour et les forêts (Valérie Donzelli, 2023). On n’attendait pas forcément l’actrice, étonnamment crédible, dans ce rôle de femme évoluant dans un milieu social défavorisé, flanqué de son adolescent Jean-Jacques (Félix Lefebvre, révélation de Eté 85 de François Ozon) et enchaînant les boulots alimentaires.
Malgré quelques clichés sociétaux – le frère irresponsable fumeur de joints par exemple – et des scènes appuyées qui encombrent inutilement le film – l’engueulade avec les collègues de Sylvie dans la boîte de nuit, la poule dont on ne sait pas bien quoi faire…-, Rien à perdre est une difficile et attachante tranche de vie d’une héroïne des temps modernes et de ses garçons, à un moment charnière de leurs vies. Le travail patient, engagé et humaniste de l’action sociale est formidablement incarnée par l’actrice India Hair.
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