Dans « Elle s’en va » d’Emmanuelle Bercot, Catherine Deneuve en restauratrice endettée prenait le volant de sa vieille guimbarde pour une escapade à travers la France. Dans « Viva la libertà » , Toni Servillo, à travers son personnage pressurisé d’Enrico, quitte lui aussi son quotidien pour retrouver un nouveau souffle. Si ce n’est qu’Enrico, la cinquantaine, est le leader d’un parti d’opposition italien en baisse dans les sondages. Et que cet homme taciturne a un frère jumeau, Giovanni, qui sort d’un séjour en hôpital psychiatrique… L’idée de remplacer l’un par l’autre pour sauver le parti ne fait qu’un tour dans la tête de son conseiller Bottini.

En plus d’emprunter le récit d’un quinquagénaire à bout de souffle qui s’évapore dans la nature pour mieux renaître, le cinéaste Roberto Andò reprend le thème du double immortalisé par Michel Serrault et Jean Poiret dans la farce de Pierre Tchernia, « La Gueule de l’autre »(1979). Remplacer l’un par l’autre, aux caractères forcément opposés, apporte son lot comique et jubilatoire, surtout quand les deux personnages sont interprétés pas Toni Servillo, qu’on ne présente plus depuis le succès de « Il Divo » et surtout « La Grande Bellezza » de Paolo Sorrentino.

La comédie dramatique de Roberto Andò, qui adapte son propre livre à l’écran, est bien prévisible et livre peu de surprise. Mais l’immense talent de Toni Servillo, la douceur de Valéria Bruni-Tedeschi et les jolis moments amoureux avec Judith Davis (une actrice lumineuse vue dans « Je te mangerais » de Sophie Laloy) transmettent un souffle heureux et vivifiant.