Il existe des artistes qui sont révélés sur le tard. C’est le cas d’Henri Caruel (1899-1978), photographe de plateau sur des productions cinématographiques s’étalant entre 1942 et 1952 et génie de la stéréoscopie, un procédé photographique permettant une image en relief. Une œuvre saisissante que nous fait découvrir la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé.

L’histoire de cette redécouverte est digne d’un roman: après le décès de la veuve d’Henri Caruel, leurs nièces découvrent un trésor enfoui dans une vieille malle: quelques 4.000 plaques de verre issues du travail du photographe dont la filmographie comprend des titres comme Pontcarral, colonel d’Empire (1942) de Jean Delannoy – un des plus grands succès public sous l’Occupation donné au MarivauxFalbalas (1945) de Jacques Becker, Seul dans la nuit (1945) de Christian Stengel ou l’étonnant La Fille du Diable (1946) de Henri Decoin.

Sur ces plaques et avec l’aide d’une visionneuse munie de deux lentilles (un stéréoscope), on découvre les beaux clichés en relief de nombreux films tournés entre 1942 et 1953. Parmi eux, quelques chefs d’œuvre du 7è Art comme Premier de Cordée (1944) de Louis Daquin, Les Enfants du Paradis (1945) de Marcel Carné ou encore Les Portes de la nuit (1946) du même réalisateur.

La Fondation Jérôme Seydoux-Pathé acquiert en 2019 ce patrimoine ignoré et le présente aujourd’hui à un public conquis par autant de beauté dans ces clichés en noir et blanc où le relief permet de découvrir la profondeur des sujets photographiés. L’exposition propose des photos de tournages, notamment à Chamonix pour le vertigineux Premier de cordée, des archives, des affiches de films ainsi que des photos en relief, visibles grâce des stéréoscopes. Impressionnants de modernité, ces clichés invitent à l’évasion.

Le travail de stéréoscopiste d’Henri Caruel reste une énigme: engagé comme « simple » photographe de plateau et portraitiste de vedettes, il utilise avec son appareil Monobloc une technique alors désuète pour produire des photos en relief qu’il développera lui-même sur des plaques de verre. Plutôt que de les déposer dans la maison de production qui l’emploie, il les conservera à son domicile jusqu’à son décès.

Stupéfiante par sa beauté et sa maîtrise, cette œuvre en relief est à découvrir de toute urgence dans le bel écrin de la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé. Un élégant coffret collector disponible à la vente au prix 65 € contient un visionneuse, 100 clichés stéréoscopiques d’Henri Caruel autour d’un choix de cinq films: Pontcarral, colonel d’Empire, Premier de cordée, Les Enfants du Paradis, Seul dans la nuit et Les Portes de la nuit.

Henri Caruel – Stéréoscopie de cinéma (1942-1953)
Exposition – programmation de films
Du 7 octobre 2021 au 1er janvier 2022
Fondation Jérôme Seydoux-Pathé
73, avenue des Gobelins
75013 Paris

Henri Caruel, Stéréoscopie de cinéma (1942-1953)

Ci-dessus: un stéréoscope d’origine (à gauche) ainsi qu’un stéréoscope d’images numérique permettent de visualiser les photographies d’Henri Caruel en relief.

Henri Caruel, Stéréoscopie de cinéma (1942-1953)

Ci-dessus: un stéréoscope d’origine.

Henri Caruel, Stéréoscopie de cinéma (1942-1953)

Ci-dessus: l’appareil photo de type Monobloc d’Henri Caruel.

Henri Caruel, Stéréoscopie de cinéma (1942-1953)

Henri Caruel, Stéréoscopie de cinéma (1942-1953)

Ci-dessus: photographies de plateau et dessins préparatoires de films comme Premier de cordée et Les Enfants du paradis.

Henri Caruel, Stéréoscopie de cinéma (1942-1953)

Ci-dessus: dessin préparatoire pour l’affiche des Enfants du paradis de Marcel Carné.

Henri Caruel, Stéréoscopie de cinéma (1942-1953)

Ci-dessus: l’affiche des Portes de la nuit de Marcel Carné.

Henri Caruel, Stéréoscopie de cinéma (1942-1953)

Ci-dessus: les affiches des films sur lesquels Henri Caruel a travaillé en qualité de photographe de plateau.

Henri Caruel, Stéréoscopie de cinéma (1942-1953)

Ci-dessus: le coffret collector édité par la Fondation Jérôme Seydoux-Pathé.