En 2010, Jean-François Chaput nous avait accordé un entretien dans lequel le photographe évoquait son précieux travail réalisé au début des années 1980. Durant cette décennie, de nombreuses salles de quartier de la capitale fermaient les unes après les autres, le plus souvent dans une totale indifférence. Pourtant, ces cinémas possédaient un charme désuet, aujourd’hui pratiquement disparu du paysage: de belles salles à l’italienne avec balcon, des toiles peintes sur les façades, d’immenses appareils de projections et des établissements plus « modernes » datant des années 1950 et 1960. En avant-goût, l’auteur présentait en 2012 certains de ses clichés dans une exposition à la galerie parisienne Basia Embiricos.
Dix années ont passé. Jean-François Chaput nous révèle enfin ses trésors cachés – quelques 180 magnifiques photographies de façades et de salles de cinéma disparues pour la plupart – et invite les lecteurs de son sublime livre à une ballade inévitablement nostalgique dans le Paris du siècle dernier où le cinéma de quartier jouait la carte de la proximité: la caissière à la gouaille légendaire, l’ouvreuses payée au pourboire, le projectionniste solitaire et la clientèle locale d’habitués.
Il se dégage des photos de l’auteur une évidente humanité corroborée par les entretiens que Jean-François Chaput a effectué à l’époque avec les différents acteurs de ces « cinémas qui disparaissent », pour reprendre le titre de son ouvrage qu’un certain Patrick Modiano affectionnerait sûrement et qui fera date.
Se plonger dans ces salles de quartier mono-écran, depuis les Grands boulevards en passant par les Champs-Elysées et le Quartier latin, est un ravissement tant pour les cinéphiles que pour les amoureux du patrimoine et de la décoration du XXe siècle. Des plus luxueuses – Le Paris sur les Champs-Elysées – au plus populaires – Le Trianon et La Cigale -, sans oublier les cinémas porno, Jean-François Chaput a réussi à capter la part magique de l’image cinématographique: l’éphémère.
Paris Cinés: 1982-1992 des cinémas disparaissent.
Jean-François Chaput
Juin 2023, 264 pages.
Editions Snoeck
Ci-dessus: le Pathé-Journal (c) Jean-François Chaput.
Ci-dessus: le Ritz (c) Jean-François Chaput.
Ci-dessus: Ciné-Bellevue (c) Jean-François Chaput.
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