L’un des plus prolifiques cinéastes français est à l’honneur dans le beau-livre écrit par Laurent Benyayer et Philippe Sichler et édité par Neva. Les deux auteurs ont puisé dans les archives personnelles et inédites de Jean-Pierre Mocky pour relater sa vie de comédien et de cinéaste au travers de ses œuvres.

Le jeune premier du cinéma français, né Jean-Paul Mokiejewski à Nice en 1933 de parents polonais, « monte à Paris » pour suivre les cours de théâtre de Louis Jouvet. Avec son allure romantique et son physique à la Gérard Philipe, le comédien se frotte aux planches de théâtre aux côtés notamment d’un autre débutant, un certain Jean-Paul Belmondo.

Poursuivant son bonhomme de chemin, Jean-Pierre Mocky enchaîne la figuration et les seconds rôles au cinéma avant de se voir confier, en plus du rôle principal, l’adaptation du film de Georges Franju  » La Tête contre les murs » (1959). Très vite, Mocky passe à la réalisation avec « Les Dragueurs » (1959) et, quelques années plus tard, enchaîne les succès publics avec les comédies interprétées par Bourvil comme « Un drôle de paroissien » (1963) ou « La Grande lessive » (1969). Notre histrion aura fait joué de très nombreux comédiens, dont sa belle bande de copains – Bourvil, Francis Blanche, Michel Serrault, Jean Poiret, Michael Lonsdale, Richard Bohringer… – ainsi que des seconds rôles aux trognes pas possibles: Dominique Zardi, Jean Abeillé, Jean-Claude Rémoleux…

Le trublion du cinéma français fédère toute la critique parisienne avec « Solo » (1970) et « L’Albatros » (1971) dont il incarne les rôles principaux. En cinquante ans de carrière de cinéaste, Jean-Pierre Mocky attire les foules, comme dans « Le Miraculé » (1984) , mais se confronte bientôt au système de production, de distribution et d’exploitation de l’industrie cinématographique.

Face à la difficulté de voir ses films programmés, l’iconoclaste Mocky rajoute une nouvelle corde à son arc: il devient dès 1994 exploitant de salles de cinéma en acquérant à Paris Le Brady puis l’Action Ecoles qu’il rebaptise Le Desperado. Une liberté pour « M le Mocky », celle de poursuivre la réalisation de nouveaux films, aux budgets de plus en plus réduits, à la réalisation parfois approximative et à la distribution en salles de plus en plus confidentielle.

Le passionnant ouvrage de Laurent Benyayer et Philippe Sichler narre ainsi l’histoire de cet homme-cinéma – une centaine d’œuvres pour le cinéma et la télévision – grâce à de nombreuses illustrations, des photos de tournages, des projets d’affiches, des correspondances ainsi que les critiques de l’époque sur ses films. Un livre passionnant d’un cinéaste de 85 ans qui jouit d’une grande popularité auprès du public.

Jean-Pierre Mocky, une vie de cinéma.
Laurent Benyayer et Philippe Sichler
Préface de Michael Lonsdale
Disponible chez Neva Editions ou chez votre libraire.
700 pages

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Ci-dessus: Jean-Pierre Mocky lors d’une séance de dédicaces de son livre à la brasserie parisienne Les Deux Magots le 4 février 2019.