Adresse : 9 Allées du Président Franklin Roosevelt à Toulouse
Nombre de salles : 1 puis 9 sous l’enseigne UGC Toulouse.
Fermeture définitive le 2 juillet 2019.
Un théâtre au cœur de la ville rose.
Avant de devenir l’un des mythiques cinémas de Toulouse, l’actuel UGC Toulouse était, avant l’arrivée du cinématographe, une vaste salle de spectacles, le Théâtre des Variétés. Édifié entre 1836 et 1837 sous la direction de l’architecte en chef de la ville Urbain Vitry, il était à l’origine destiné aux opérettes et aux grandes représentations avec revues. Ce n’est que bien plus tard qu’il fut dédié définitivement aux films avec l’arrivée du cinéma parlant. La salle unique conserva toutefois longtemps son équipement scénique théâtral pour présenter certains programmes de variétés évidemment, pendant lesquels l’écran pouvait être monté dans les cintres.
Les Variétés, un des plus beaux cinémas de Toulouse.
En 1931, le cinéma Les Variétés subit ses premières transformations : derrière sa nouvelle façade Art-Déco, un hall paré de marbre donnait accès au parterre, tandis que des deux côtés, des escaliers conduisaient aux mezzanines et au second balcon. Bien que deux fois plus grande que celle du Théâtre du Capitole, la salle ne fut conçue qu’avec une ouverture de scène de 10 mètres de large, ce qui était suffisant pour les films de l’époque projetés au ratio 1,37:1 mais devint problématique lorsque les formats larges (CinémaScope et 70 mm.) s’imposèrent. Il fallut attendre la transformation en un multisalles pour que ce portique scénique puisse être démoli, car rénové en béton armé au début du XX° siècle il supportait l’ensemble de la structure du bâtiment. Jusque-là, l’écran aux proportions standard angles arrondis emplissait quasiment le premier plan du cadre. Au milieu des années 1950 il dut être réduit pour accepter les images aux ratios 2,35:1 et 2,20:1. Le problème ne put qu’être en partie résolu en appliquant l’astuce déplorable utilisée alors par la télévision 4/3, c’est à dire en réduisant la hauteur de l’image et en amputant sa largeur, projetée depuis la cabine en un faisceau plongeant de près de 60 mètres.
L’unique salle profonde de 40 mètres et large de 25 était construite sur le modèle des théâtres à l’italienne avec balcons circulaires. Au parterre, près de 1200 spectateurs pouvaient prendre place. Au niveau des mezzanines ce sont 600 fauteuils avec loges individuelles en fond qui étaient installés, le tout ouvrant sur le bar surplombant le grand hall. Enfin, le second balcon pouvait accueillir 800 places. C’est sur ce dernier emplacement qu’est aménagée la salle « Prestige » de l’actuel complexe avec un écran incurvé de 16 mètres de base.
Une salle unique transformée en un cinéma multiplexe, l’UGC Toulouse.
À l’été 1954, eut lieu la première rénovation notamment avec la pose de tentures plissées, sur les murs et l’encadrement de la scène, de couleur vert amande et d’un rideau à la française dans le même ton. La façade blanche conserve quasiment son aspect actuel grâce à son inscription dès 1974 à l’inventaire des Monuments Historiques. Tous les autres immeubles du quartier sont obligatoirement en briques rose d’origine, et le cinéma Gaumont voisin fut contraint de démolir son énorme marquise lumineuse.
C’est en 1976 qu’UGC y édifia son multiplexe qui compte aujourd’hui neuf salles sous l’enseigne UGC Toulouse. Malgré un emplacement idéal en plein centre-ville et à la stupeur des habitants, UGC décide de fermer son cinéma historique. La dernière séance est programmée le 2 juillet 2019.
Texte: Claude Guilhem
Photo: collection particulière.
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Ci-dessus: Ingrid Bergman en « Jeanne d’Arc » de Victor Fleming (1948) à l’affiche du cinéma Les Variétés (aujourd’hui UGC Toulouse)
Ci-dessus: le cinéma Les Variétés en 1936. Le bâtiment domine aujourd’hui l’actuelle esplanade François Mitterrand encadrée par les allées Roosevelt et l’amorce de la place Wilson.
Au soir du 2 juillet 2019 le complexe cinéma UGC de Toulouse tirait sa révérence pour l’éternité. Tous les immeubles adossés au grand ciné de 2200 fauteuils étaient condamnés, et sont à ce jour effectivement rasés. Ne sera sauvée que la façade style « Belle époque » qui ayant été classée au registre des monuments historiques demeurera intouchable.
C’est la FNAC, actuellement à quelques mètres et à l’étroit sur l’espace François Mitterrand, qui dès 2025 prendra ses quartiers. Des bureaux et un restaurant panoramique complèteront l’ensemble. `
À suivre donc….
A l’attention de Claude Guilhem.
Estimé ami de l’histoire des salles de cinéma toulousain.
Encore bravo pour la qualité des interventions que vous suscitez, et le professionnalisme de votre animation de cette page web qui ne concerne pourtant que les cinémas de « La Cité Mondina » comme aurait dit Pèire Godolin (qui n’était pourtant pas cinéphile , ce qui n’aura pas échappé à votre sagacité !)
Félicitations aussi pour avoir fait une page sur la grande Dame des « allées Lafayette ») (pardon ! des allées Franklin D. Roosevelt) . en 2017 la salle de cinéma fête ses 85 ans !
Et oui…. J’ai bien dit 85 ans en 2017 . Car le vieux théâtre des Variétés n’a absolument rien à voir avec l’actuel cinéma (ni de près , ni de loin … Désolé de vous le dire)
Le vieux théâtre à l’italienne qui appartenait encore à la fin des années 20 à Ricard et Réveillat deux célèbres patrons de théâtres de La Canebière de Marseille , ont vendu leur salle au producteurs Roger Richebé et Pierre Braunberger . Deux jeunes producteurs (Roger Richebé venait d’avoir 27 ans !) qui en cette année 1928 croyaient très fort à l’avènement du cinéma parlant et avaient décidé de créer des salles conçues pour le cinéma exclusivement et pour le cinéma parlant tout particulièrement.
Pour cela , à Toulouse , mais cela est vrai pour d’autres villes, ils firent raser le théâtre des Variétés de Toulouse , de fond en comble , n’en gardant absolument rien . Une photo de l’époque montre même le trou béant à la place de l’ancienne salle qui descendait jusqu’aux fondations dans lequel on avait installé une gigantesque grue. On construisit en quelques semaines un squelette fait de tiges d’acier spécial sur lequel on coula l’armature en béton de la salle . Cette utilisation révolutionnaire du béton armé à Toulouse pour la première fois pour une salle de cinéma permis de créer un balcon-droit ,et non pas courbe comme dans l’ancienne conception . Cela permit de récupérer de la capacité de place dans le balcon . On supprima aussi les désuètes « baignoires » qui mangeaient de la place , plutôt qu’autre chose. La salle fut conçue par les architectes parisiens Lardiller et Nicolas et réalisé à Toulouse par Pierre Armendary célèbre architecte toulousain membre de l’ U.A.M. (Union des Architectes Modernes, fondée entre autre, par Robert Mallet-Stevens celui qui conçu les décors du film : « L’Inhumaine » de Marcel L’Herbier ) La salle fût inaugurée en 1932 en par son parrain Jules RAIMU qui avait déjà joué dans le premier film parlant de la société B.R. ( Brauberger.Richebé) « Le Blanc et le Noir » sorti en 1929 . Très vite on y passa le grand succès de l’époque « Marius » un des tous premiers films parlant français et avec musique qu’il fallut allait tourner dans les studios de la « Paramount » car les producteurs français très sceptiques quand à l’avenir du parlant , rechignaient à se lancer dans l’aventure. Au point que ce fût le réalisateur anglais Alexandre Korda qui dû prêter son concours au metteur-en-scène Marcel Pagnol . Pour l’occasion Roger Richebé qui avait travaillé , un temps , comme directeur de salle chez Pathé-Fernand Weil , obtint une dispense de Pathé-Nathan pour passer le film aux Variétés de Toulouse , et non pas au Royal-Pathé de la rue Alsace-Lorraine de la dite-ville. En effet le film était distribué par Pathé-Consortium-Cinéma au niveau national . On notera au passage que les fresques du tympan de la scène aujourd’hui disparues , comme les trois motifs qui dynamisent le sommet de la facade et qui elles existent toujours sont du sculpteur Zadkine , artiste très connu dans le Montparnasse de cette époque . A noter que jusqu’à l’après-guerre la salle des Variétés de Toulouse restera une des trois plus grandes salles de Province avec la salle marseillaise du » Capitole » situé sur La Canebière et construite elle aussi à l’instigation de Roger Richebé . Elle appartenait elle aussi à U.G.C. dans les années 1990. La troisième salle étant » Le Capitole » de Lille . Toutes trois faisaient 2.200 fauteuils et ont permis à la S.O.G.E.C. ancêtre de l’U.G.C. d’être leader de l’exploitation devant les Sociétés Nouvelles Gaumont et Pathé qui restent distinctes en dépit d’un joint-venture purement tactique ayant pour but de faire croire à un déclassement d’UGC sur le plan national . A noter que Pierre Armendary avait aussi construit la bibliothèque municipale de la rue du Périgord qui existe toujours ainsi que l’école Fabre dans le quartier de la rue de la Fonderie ou l’école Jean-Jaures au Busca.