Adresse: 110 la Canebière à Marseille
Nombre de salles: 1

Le cinéma Pathé Palace est inauguré le 23 décembre 1929 avec le film Rhapsodie hongroise avec en vedette la comédienne Dita Parlo. Ce grand cinéma de la Canebière remplace ainsi le Colisée qui occupait le même emplacement. Le duo d’architectes parisiens Jean Chavarel et Marcel Melendès, qui en 1931 créé l’étonnant immeuble qui abrite le Pathé Victor-Hugo à Paris, est à l’œuvre pour faire de cette salle une référence en la matière.

En effet, dans leur ouvrage Marseille port du 7ème Art, les auteurs Daniel Armogathe et Pierre Echinard évoquent « la salle de 1.700 places qui comprend un parterre et deux balcons, escaliers, vestibule, hall, foyers, bar… Tout est orné de miroirs et de panneaux décoratifs dorés ».

Le slogan d’ouverture « Son orchestre, sa tenue, son chic… en font le rendez-vous de la meilleure société marseillaise » souligne que le Pathé Palace se veut la salle la plus luxueuse de la cité phocéenne.

Au Pathé-Palace, cinéma et music-hall dans une même salle.

Durant les années 1930 et 1940, le Pathé-Palace affiche les productions cinématographiques maison, celles produites par les studios Pathé. Les mêmes films à l’affiche du Pathé Marignan, le fer de lance des salles Pathé à Paris, sont projetés au Pathé de Marseille. Les spectateurs marseillais découvrent ainsi, en même temps qu’à Paris, Les Misérables, L’Ecole des cocottes ou encore Mélo.

Les productions américaines sont également au programme du Pathé Palace telles King-Kong à l’affiche la semaine du 9 novembre 1933, Blanche-Neige et les 7 nains le 20 octobre 1938 ou encore Robin des bois dès le 19 janvier 1939.

A la même époque, la salle accueille également des revues et des spectacles de théâtre: Raimu et Orane Demazis foulent les planches de l’établissement dans la pièce Marius qu’ils jouent dès le 20 décembre 1934.

Tino Rossi, la grande vedette d’avant-guerre, assure son tour de chant sur la scène du Pathé-Palace en décembre 1940 durant trois semaines.

Ci-dessus: la salle du Pathé-Palace en 1929.

Durant la guerre, Marseille est en zone libre. Les productions de films connaissent des difficultés à être distribuées: le Pathé, à l’instar du Capitole et de l’Odéon, affiche des spectacles de music-hall et des revues.

A la Libération, c’est le film de Marcel Carné Les Enfants du paradis qui inaugure la salle qui rouvre dès le 29 août 1945. La programmation de la salle est essentiellement composée de productions nationales alors que ses concurrents programment de nombreux films américains.

La Pathé-Palace devient le Pathé Canebière et Esterel.

La salle est la première à Marseille à s’équiper de projections en Cinémascope: le film La Tunique inaugure ce format le 17 mars 1954 suivi de films de la Fox qui utilisent cette innovation. Le Pathé-Palace programme de moins en moins de spectacles vivants pour se consacrer essentiellement au cinéma avec de grandes exclusivités qui tiennent l’affiche une semaine seulement, sauf en cas de grand succès.

Avec sa grande salle unique et son balcon, le Pathé-Palace doit se réinventer. Le 9 mai 1967 est donnée la dernière séance du beau cinéma mono-écran de la Canebière avec La 25ème heure d’Henri Verneuil.

C’est un cinéma restructuré qui rouvre le 3 octobre de la même année: deux salles sont créées et portent chacune un nom différent, à l’instar du cinéma parisien Marignan devenu un cinéma de deux salles: le Marignan et le Concorde.

Le Pathé-Palace adopte l’enseigne Pathé Canebière et Esterel. La première salle compte 1080 places avec mezzanine, la seconde 450 places.

Le Pathé Canebière conserve en fait l’ancien volume de la salle initiale. Le film On ne vit que deux fois inaugure le cinéma rénové. L’aménagement de la seconde salle se fait sur l’emplacement d’un ancien local PMU. 

Ci-dessus: la salle rénovée du Pathé Canebière en 1967.

Ci-dessus: la nouvelle salle Pathé Esterel en 1967.

L’ère des multisalles: le Pathé de Marseille transformé.

L’ère des multisalles souffle en cette période des Trente Glorieuses. Pour rentabiliser leurs établissements, les grandes salles mono-écran sont divisées en complexes cinématographiques de plusieurs salles.

Le Pathé ne déroge pas à la règle: le 26 septembre 1973, quatre salles sont inaugurées. Eugène Chirié, architecte du cinéma marseillais l’Odéon de 1934, est à l’œuvre pour transformer le mono-écran en multisalles.

Face à la désaffection des spectateurs pour les écrans de la Canebière et comme son voisin le Capitole, le Pathé est une nouvelle fois restructuré en 1976: le complexe possède désormais sept salles et 1.500 fauteuils.

Mais la célèbre artère de Marseille est désertée par les spectateurs. Le Pathé, comme tous les cinéma de la Canebière dont le Capitole et l’Odéon, ferme définitivement ses portes en 1988. 

Aujourd’hui démoli, le cinéma a laissé la place à la faculté de Droit et de Sciences Politiques de Marseille.

Ci-dessus: la salle du Pathé Marseille en 1977 lors de son passage de quatre à sept salles. La cabine de projection de la grande salle N°1 dessert, outre celle-ci, les salles 5 et 6 situées sur l’ancien balcon, ainsi que la salle 7. La salle 7 a été conçue au-dessus de l’entrée.

Ci-dessus: les autres salles du multisalles Pathé de Marseille en 1977.

Ci-dessus: vestige du Pathé dans une rue adjacente à la Canebière (aujourd’hui démoli).

Remerciements: M. Thierry Béné et M. Didier Noisy.

Photos: collection particulière, Le Film français.