Ci-dessus: le cinéma Louxor au carrefour Barbès de Paris (Architecte Philippe Pumain)
Décidément la décennie entamée annonce un regain d’activité pour les cinémas : de nombreux projets de construction et de rénovation de salles sont annoncés ici et là. Il faut croire qu’en France le Septième Art a le vent en poupe ! Cette bonne santé cache cependant une autre réalité : ce sont les multiplexes qui tirent vers le haut la fréquentation nationale, au détriment des cinémas de plus petite capacité, souvent indépendants ou municipaux.
Les rénovations de cinémas et les projets d’ouvertures de multiplexes à Paris.
Alors que l’Etoile Lilas, le nouveau cinéma de sept salles de la Porte des Lilas, en bordure du 20ème arrondissement de Paris, a été inauguré en octobre dernier, c’est au tour d’un bel endormi de se réveiller dans les mois à venir: le Louxor. Fermé depuis 30 ans, ce splendide cinéma du quartier Barbès renaîtra de ses cendres le 17 avril 2013. Trois salles logeront dans ce bâtiment classé, inauguré en 1921 à la décoration néo-égyptienne, et entièrement rénové. Le Louxor sera géré par un trio composé de Carole Scotta, dirigeante de la société indépendante de production et de distributions Haut et Court, de Martin Bidou, exploitant des cinémas le Vincennes, le Nouvel Odéon, le Max Linder, et Emmanuel Papillon, directeur de la section d’exploitation de l’école de cinéma la Femis. (voir les articles: Le cinéma Louxor rouvre ses portes et L’inauguration du Louxor).
Paris va se doter dans les mois et les années à venir de nouveaux cinémas, tous des multiplexes. En octobre 2013, dans le quartier de Beaugrenelle, Pathé installera ses 10 salles dans le nouveau centre commercial rénové du 15ème arrondissement (voir l’article sur le nouveau Pathé Beaugrenelle). Pour mémoire, Mk2 avait du fermer son cinéma dans l’ancien centre commercial Beaugrenelle et n’avait pas remporté l’appel d’offres que Pathé a gagné.
Ci-dessus: le futur multiplexe Pathé Beaugrenelle, dans le centre-commercial rénové de Beaugrenelle.
A la Porte d’Aubervilliers, les cinémas UGC ouvriront un Ciné-Cité dans ce quartier du 19ème arrondissement de l’est parisien. 14 salles sortiront ainsi de terre sur le boulevard MacDonald. Mk2 souhaitait également ouvrir un nouveau multiplexe dans le centre commercial Le Millénium d’Aubervilliers, mais le projet est définitivement avorté. En revanche, un nouveau cinéma de 7 salles dans le futur quartier Clichy-Batignolles, dans le 17ème arrondissement, verra le jour avec le futur indépendant Cinémovida. A Levallois-Perret, c’est un cinéma Pathé de 8 salles qui ouvrira en octobre 2013 au sein du centre commercial SoOuest.
Ci-dessus: le futur cinéma UGC Ciné-Cité Paris 19, situé boulevard Mac Donald, dans la ZAC Claude Bernard, entre la Porte d’Aubervilliers et la Porte de la Villette (Jean-Paul Viguier Architecture)
Dans le sud de Paris, c’est Pathé qui ouvrira son multiplexe de 10 salles Place d’Italie en lieu et place du désormais mythique Gaumont Grand Écran Italie, complexe de 3 salles prématurément fermé en 2006. L’ancienne grande salle du Gaumont sera-t-elle sacrifiée? Toujours dans le 13ème arrondissement, le Gaumont Gobelins se restructure et le Mk2 Bibliothèque s’agrandit encore et toujours: 4 nouvelles salles à la programmation Art et Essai ouvrent en novembre 2013 au sein de la Bibliothèque François Mitterrand et porte le multiplexe à 20 salles (le deuxième plus grand cinéma de Paris après l’UGC Ciné-Cité Les Halles).
Ainsi, la capitale va passer en 2015 de 369 à 431 écrans en 15 ans seulement… La cinéphilie des parisiens n’est donc pas un mythe : la capitale possède 1 écran pour 6000 habitants (à titre de comparaison, Londres en possède 1 pour 13000 habitants). Une seule fermeture de cinéma est officiellement annoncée : l’UGC Orient-Express, situé dans les entrailles du Forum des Halles, mettra en 2014 la clé sous la porte. En 2012, c’est le Bienvenüe-Montparnasse, cinéma de deux salles racheté par Gaumont au réseau indépendant Rytmann, qui a baissé son rideau pour devenir le théâtre du Grand Point-Virgule.
Pour faire face à cette vague de nouveaux projets d’ouvertures, certains cinémas indépendants de la capitale ont entamé des rénovations de leurs équipements : Le Nouvel Odéon et Le Saint-Germain-des-Prés sont des modèles de cinéma Art et Essai, chaleureux et doté d’un haut niveau technologique. L’Arlequin, rue de Rennes, a quant à lui un projet d’agrandissement. Marin Karmitz et ses Mk2 ont lancé un nouveau concept de salles de cinéma plus confidentiels comme le Mk2 Grand Palais: une salle propose en weekends des reprises et des films rares.
Les projets d’ouvertures de cinémas et de multiplexes en France.
Autour de la capitale, de nouveaux projets affleurent : alors que le cinéma d’Antony, Le Sélect, est en restructuration totale (le complexe culturel de la ville abritera quatre salles de cinéma, une médiathèque), les cinéphiles, en attendant l’ouverture de leur cinéma, peuvent se rendre dans la salle éphémère ouverte sous un chapiteau.
Ci-dessus: projet de reconstruction du futur cinéma Sélect à Antony.
Autour de l’aéroport de Roissy, c’est la course aux ouvertures annoncées à grand renfort de communication : d’un côté le multiplexe UGC Ciné-Cité de 16 salles au sein du centre commercial O’Parinor d’Aulnay-sous-Bois, de l’autre le multiplexe de 12 salles EuropaCorp, initié par la société de Luc Besson, dans le centre commercial Aéroville à Tremblay-en-France. Le cinéma UGC Ciné-Cité ouvrirait en 2014 tandis que celui d’EuropaCorp sera inauguré le 16 octobre 2013.
Ci-dessus: le projet du multiplexe UGC Ciné-Cité O’Parinor à Aulnay-sous-Bois.
La société de Luc Besson ouvrira à Marseille cette fois-ci son multiplexe Europa Corp Live de 15 salles. Ce projet, en pourparlers depuis des années, verrait le jour en 2015. Le projet, annoncé en 2011, d’un multiplexe Mk2 de 14 salles sur la Canebière, est aujourd’hui bloqué.
En Savoie, Pathé a ouvert son nouveau multiplexe aux Halles à Chambéry qui remplace les 6 salles du cinéma Chamnord (anciennement Nef). Le Pathé Les Halles, avec ses salles, se targue d’être « le cinéma le plus moderne d’Europe ».
Un projet pour le moins original retient particulièrement l’attention à Saint-Étienne: l’ancienne caserne de pompiers Chavanelle changera de destination et accueillera un multiplexe de 10 salles baptisé Le Camion Rouge. La partie basse de l’ancienne caserne logera le cinéma en lieu et place du garage des camions de pompiers… La société MJM (qui possède à Dijon les cinémas Darcy et Olympia) a confirmé par la voix de sa directrice Sylvie Du Parc que le cinéma Royal de Saint-Etienne dont elle est propriétaire fermera ses portes.
Ci-dessus: le projet du nouveau cinéma de Saint-Etienne Le Camion Rouge (Gilbert Long Architectures)
Les deux cinémas du centre-ville de Mâcon, Les Cordeliers et Le Marivaux, seront transférés vers le nouveau multiplexe du groupe Ciné Alpes: les 11 salles du multiplexe CinéMarivaux seront inaugurées début 2013 à l’entrée de la ville, Place des Droits de l’Homme (voir l’interview de Guillaume Fourriere, directeur du CinéMarivaux).
Ci-dessus: le futur multiplexe Marivaux de Mâcon.
Cap Cinéma gérera en 2013 le futur multiplexe de 10 salles de Rodez,. L’actuel cinéma Le Royal, au centre-ville, devrait subsister et se spécialiser dans les films d’art et essai. Alors qu’à Agen le cinéma Carnot ne résistera pas à l’ouverture du futur multiplexe de 10 salles également exploité par Cap Cinéma.
Ci-dessus: le futur multiplexe Cap’Cinéma d’Agen
A Nîmes, l’actuel Kinépolis a du soucis à se faire : Cap Cinéma, toujours lui, prévoit l’ouverture de 10 salles dans son futur cinéma implanté dans le quartier du Triangle de la Gare.
Ci-dessous: le projet du multiplexe Cap Cinéma à Nîmes, dans le Triangle de la Gare.
Ainsi change le paysage cinématographique français, dominé par un large engouement pour les multiplexes…
Pourquoi n’y a t’il pas de salle UGC à St Etienne, pourtant une grande agglomération ?
Félicitations pour ce remarquable outil d’information sur la création de salles de cinéma en France.
Totalement d’accord pour le maintien des salles en centre ville. Regardez Béziers qui était une ville très animée et qui, sans cinéma en son centre, devient une ville morte…
On pourrait aussi citer Perpignan qui échappe à la désertification de son centre, épargné de justesse par la transformation du Castillet par l’installation en ses murs du cinémovida; mais qui il y a une quinzaine d’années comptait six cinémas de centre ville.
Dans la rubrique des exemples à suivre, prenons celui de Noisy-le-Grand où la municipalité a choisi de créer un cinéma de trois salles art et essai dans un immeuble neuf de l’hyper centre avec façade à l’ancienne et salles ultra modernes et ce, en parfaite harmonie avec un complexe UGC de 11 salles situé à moins de 2 kilomètres..
Bonjour, peut être un projet sur La Garde dans le Var en périphérie de Toulon pour remplacer le départ de Pathé Grand-Ciel!
Grand parking disponible, structure adaptée, dans une zone commerciale…
Peut-être une bonne idée à creuser ?
Pourquoi n’ont-ils pas encore ouvert le cinéma d’Aulnay-sous-Bois; celui d’Aéroville est magnifique.
Le Multiplexe Chavanelle, « Le Camion Rouge » en hommage à l’ex-caserne centrale des pompiers, est le meilleur projet, tendance Gotham City, jamais proposé au cœur d’une agglomération de 400 000 habitants. Bref, un lieu fait pour le cinéma…
Bravo donc à son promoteur Dijonnais MJM !
Reste la destination de l’ancien cinéma Le Royal.
Le raser serait une aubaine pour offrir enfin de la visibilité sur l’admirable église néo Bizantine, Sainte-Marie, qui se trouve juste derrière.
Dans cette hypothèse, cela relèverait aussi, cerise sur le gâteau, de la rénovation urbaine en cours à Saint-Etienne et conduite par l’EPASE.
G. Peycelon.
Bonjour,
Pour avoir des salles de centre ville, le parking est indispensable. En IDF très peu de salles en ont (5%). Si les mairies pouvaient donner du terrain pour les cinémas, je pense que leurs survis seraient augmentés.
Les cinémas se trouvent de plus en plus en centre ville. Il y a ceux qui ne l’avaient jamais quitté, comme à Strasbourg , Lille, Arras et autres, et ceux qui y reviennent, comme à Hazebrouck, Béthune. Même chez nos voisins belges, on réhabilite les anciens cinémas de centre ville. c’est le cas à Mouscron. Par ailleurs, une société, , Cinemovida, a réhabilité et exploite des cinémas dans 11 centre villes en France.
Le cinéma est indispensable en coeur de ville. Il apporte une animation bénéfique aux cafés-restaurants intra-muros. Seuls quelques maires sont hostiles à cette tendance. C’est le cas à Douai qui a laissé une friche de l’ancien cinéma « les Arcades » pendant 13 ans…juste devant la mairie…et il n’est pas question que ce lieu redevienne un cinéma!
Rebonjour,
Je viens de m’apercevoir que sur le site même où nous sommes, il y a également une multitude de nouveaux documents photographiques (voir à inauguration du « Louxor »). Comme quoi nous sommes sur un site parfaitement interactif aux sujets de l’actualité des salles.
Cordialement
Bonjour,
Je reviens sur « Le Louxor » car j’aimerai rectifier une remarque de ma part qui est donc erronée : Il y a bien trois salles qui se sont ouvertes le 18 avril 2013 mais je ne savais pas que les deux salles supplémentaires étaient dans le sous-sol de l’édifice.
Actuellement, le peu que j’ai pu voir avec des photographies donne l’impression qu’elles sont très belles (voir sur le site du journal « le Figaro »).
Quant à la salle principale, le « vrai » cinéma, elle est donc la réplique de celle d’antan !
Superbe travail de restauration (l’édifice par lui-même) et « reconstitution » incroyable de l’ancienne salle d’origine. Les guillemets placés aux mots « vrai » cinéma et « reconstitution » de l’ancienne salle ont une raison d’être : pour assurer une isolation des bruits extérieurs du bouillonnant quartier et carrefour Barbès, un architecte, Philippe Pumain (chargé de la réhabilitation du « Louxor »), a reproduit la salle d’antan (la première version : celui d’un décor égyptien, de 1921 aux années 1930 *). Reproduit car la salle a été reconstruite à l’intérieur du volume de l’ancienne et aucune des parois n’est en contact avec les murs extérieurs.
Le décors intérieur reprend la physionomie des vrais murs décorés, désormais dissimulés à jamais. La salle principale du « Louxor » est donc un véritable saut dans le temps : l’écran carré est resitué à nouveau sur une scène étroite légèrement en profondeur. C’est vraiment un écran pour le cinéma du muet ou du parlant (avant l’avènement du CinémaScope et Cie des années 1950).
La reconstitution de cette salle historique, nous permet de découvrir la préhistoire des Palaces du cinéma. Certes le « Louxor » n’a pas la grandeur démesurée de feu le « Gaumont-Palace » (de la place de Clichy) ou feu l’ « Omnia-Pathé » (sur les Grands Boulevards)**, mais donne un aperçu précis d’une salle à l’ancienne (on pourrait écrire « antique ») entre la salle de prestige et du cinéma de quartier d’une certaine époque (d’ailleurs, le « Louxor » connu selon les époques lui-même les deux statuts).
Puisque la reconstitution dans les lieux mêmes est à tout point de vue une réussite incroyable et précise (avec un volume certes diminué et moins de sièges), on devine par les photographies qui circulent déjà sur le Net où dans les journaux*** que l’orchestre par rapport au balcon est nettement moins confortable pour la vision d’un film (écran plutôt haut et enfoncé dans une petite scène).
Pour terminer, je dirais que la salle antique et reconstituée du « Louxor » servirai parfaitement à la projection de films anciens uniquement avec le format standard (1,33 pour le muet et 1,37 pour le parlant). C’est une salle finalement qui devrait être programmée (par moment du moins) par la Cinémathèque française. Un lieu idéal pour elle et un incroyable saut dans le passé pour le spectateur avec une ambiance cinématographique d’un autre temps.
Cinématographiquement votre
* Puis remplacé par un décors néo-grec.
** Deux salles des années 1910-1920
*** Voir le journal « Le Monde » daté du jeudi 18 avril 2013 qui consacre une page entière sur l’ouverture du « nouveau » Louxor.
Bonjour et merci.
Depuis j’ai découvert en profondeur l’Histoire du « Louxor » sur le même site avec des documents photographiques formidables de l’intérieur de la salle à travers deux périodes différentes. J’invite toutes personnes – comme moi auparavant – à s’y rendre vivement.
Bravo à mon tour pour les personnes qui ont participé à faire renaître le passé du « Louxor » que je n’ai jamais connu en tant que spectateur.
Bravo SCC !
Bel Article.
Bonjour,
Je viens d’ouvrir pour la première fois ce site très intéressant sur l’actualité des salles de cinéma en France. Au sujet du « Louxor », ça fait un bail qu’un projet devait sortir du lot pour faire renaître un des rares cinéma d’avant-guerre encore existant dans la capitale. Il était même question de le diriger vers une autre direction d’animation culturelle. Hélas, pour des raisons économiques, sans nul doute, la salle d’origine est sacrifiée pour en devenir trois. Pour ma part, je n’ai jamais mis les pieds dans cette salle devenue à la fin des années 60 une salle de cinéma de quartier peu fréquentable mais je me rendais d’une manière ponctuelle (dans un quartier voisin) dans une grande salle d’exclusivité que j’aimais bien : le « Moulin-Rouge », située au-dessus du « Bal du Moulin Rouge ». De nos jours, si on regarde l’émission de Laurent Ruquier – tardivement diffusée en soirée le samedi sur France 2 – et que l’on a connue la salle de ce cinéma auparavant, on peut y discerner des éléments de décors (en vue générale de cette ancienne salle de cinéma) qui étaient présents à l’époque en y voyant des films tel que « La Planète des singes » : des larges bandeaux de bois (si le matériau est bien celui-ci) avec des grands trous comme éléments de sculpture. Les bandeaux étant à la verticale des murs. Dans le cadre de cette émission hebdomadaire, ils ont créé des éléments de mobilier pour les invités et l’animateur qui sont en symbiose avec les bandeaux à trous.
Cinématographiquement votre.
.
Je vois que je ne suis pas le 1er à avoir apprécié ce tour d’horizon.
Heureusement que des petits cinémas tiennent bon, comme le CAPITOLE à Suresnes, par exemple.
Merci SCC (Salles-Cinema.Com) !
Bravo pour ce dossier très complet !
Juste une petite remarque : le nom de la ville d’Antony s’orthographie sans lettre « h » ! ;-))
Bien cordialement.
Philippe
Quel tour de France !
Merci de nous tenir informés des grandes manœuvres dans les salles de cinéma !
Bien sur on peut regretter que les « petites salles » pâtissent des créations de multiplexes périphériques …..il faudrait les aider a survivre comme les « commerces de proximité » ont maintenant la faveur des consommateurs qui délaissent les grandes surfaces !!
Bien a vous