Comme un coup de massue. Le fleuron des cinémas Gaumont à l’angle de l’avenue des Champs-Elysées et de la rue du Colisée va définitivement fermer ses portes le 31 juillet 2016. La concentration des salles Gaumont et Pathé, regroupées dans une même société, se traduit depuis quelques années par la fermeture de cinémas dans la capitale. Ce fut le cas du Gaumont Impérial (3 salles) sur les grands boulevards, du Bienvenüe-Montparnasse (2 salles) du circuit Rytmann et dernièrement du Gaumont Mistral (5 salles), ex-Rytmann lui aussi, dans le quartier du carrefour Alésia.
L’emblématique cinéma de la Gaumont ouvre en 1959.
L’Ambassade a ouvert les portes de sa prestigieuse salle avec balcon en 1959. Dotée de 1100 fauteuils, la salle est la fierté de la société à la marguerite: avant-premières célébrées en grandes pompes, festival de cinéma organisés dans ses salles, grandes sorties nationales, etc. Gaumont agrandit son cinéma en 1981 par le rachat des deux salles de l’immeuble mitoyen occupé par le Paramount Elysées, rue du Colisée.
La grande salle avec balcon est divisée en deux salles, dont une fut un temps labélisée GaumontRama. Enfin, le multisalles Gaumont Ambassade va atteindre sept salles de tailles variables.
Ci-dessus: Le Gaumont Ambassade en 1981 avec cinq salles après l’annexion du Paramount Elysées de la rue du Colisée. (Photo: collection particulière)
Ci-dessus: inauguration en 1959 de la salle de 1100 fauteuils du cinéma Gaumont Ambassade.
L’avenue des Champs-Elysées ne possède plus que six cinémas.
Est-ce la hausse certaine des loyers sur les Champs-Elysées qui pousse Les Cinémas Gaumont Pathé à fermer un emblème du cinéma à Paris? La direction invoque une accessibilité non conforme aux normes et un cinéma ne répondant plus aux standards actuels mais vante en revanche l’ouverture de nouveaux cinémas parisiens (Pathé Beaugrenelle, Pathé La Villette) et la rénovation d’autres (Gaumont Alésia, Gaumont Convention, Gaumont Montparnos).
Les cinéphiles ne peuvent qu’être effarés par cette fermeture incompréhensible d’une salle populaire sur une avenue qui est, de moins en moins malheureusement, l’avenue du 7ème Art. Le cinéma changera de destination puisqu’un « Pop-Up Store J.M. Weston » remplacera les fauteuils rouges…
L’avenue des Champs-Elysées compte à ce jour six cinémas seulement encore en activité: les deux indépendants Elysée Lincoln (3 salles) et le Balzac (3 salles) ainsi que les complexes Publicis Elysées (2 salles) UGC George V (11 salles), UGC Normandie (4 salles) et Gaumont Champs-Elysées Marignan (6 salles).
En bref:
– 23 septembre 1959: inauguration de l’Ambassade Gaumont (1 salle), architecte Georges Peynet.
– 1981: rachat du Paramount Elysées voisin, l’Ambassade atteint 3 salles.
– 1984: capacité de 6 salles dont une salle GaumontRama.
– 1993: une nouvelle salle est créée.
– 31 juillet 2016: dernière séance pour le Gaumont Champs-Elysées Ambassade.
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Ci-dessus: l’enseigne lumineuse à la marguerite ne brillera plus.
Ci-dessus: annonce de la fermeture définitive du cinéma le 31 juillet 2016.
Ci-dessus: les sept salles de l’Ambassade ne seront plus destinées à la projection cinématographique mais à une enseigne commerciale.
J’ai travaillé comme contrôleur de 1973 à 1979 au Gaumont Ambassade (salle unique 1100 places) et j’ai des souvenirs fabuleux de projection en 70 m/m sur le grand écran plat (« Tremblement de terre », etc.) et des films qui tenaient l’affiche des semaines.
On était une bonne équipe et je travaillais aussi au Gaumont Champs-Elysées (500 places dans la Galerie Point Show): une salle splendide avec une projection au top unique à Paris!
Deux belles salles disparues pour le profit!
C’est scandaleux.
Rappelons que l’Ambassade fut surtout une salle unique extraordinaire, et très moderne pour l’époque (cabine en tranche de balcon avec projection horizontale), ouverte en 1959 et dessinée par le célèbre architecte de cinémas Peynet.
C’est triste, ça rend nostalgique, mais soyons rationnels. La révolution numérique, la révolution des écrans privés et les habitudes des plus jeunes, tout ça rend inévitable la disparition des cinémas. Le processus est en cours depuis 50 ans et ça va accélérer. La priorité devrait être de sauver les écrans les plus historiques et des les rendre plus confortables. Sur les Champs, pour moi le Balzac et le Normandie devraient être protégés à tout prix, pas forcément celui-ci ou les autres. Cela peut paraître brutal comme réflexion, mais personnellement je préférerais qu’un ciné disparaisse qu’il soit gardé en vie artificiellement, tristounet et avec 3 clients par séance. Les histoires et les photos suffiront pour garder en vie sa mémoire.
Les Champs-Elysées perdent de l’intérêt lorsque les façades des cinémas disparaissent du champs de vision.
J’ai encore en mémoire l’animation des panneaux (parfois géants) qui décoraient les façades et qui donnent l’envie d’aller voir un film.
Tout cela est bien triste!
Une bien triste nouvelle de plus !!! Décidément, c’est une hécatombe, en ce moment !
Pour mémoire, l’ Ambassade-Gaumont à effectivement ouvert ses portes le 23 septembre 1959, en accueillant le film « Le chemin des écoliers » de Michel Boisrond (avec Bourvil-Ventura-Delon-Brialy), qui restera pendant 5 semaines en exclusivité !
Suivront, entre autres, parmi les longues exclusivités : « La jument verte » (11 semaines), « Le dialogue des carmélites » (15 semaines), « Alamo » (10 semaines), « Exodus » (14 semaines), il a aussi accueilli « Le jour le plus long » pendant 25 semaines (avec près de 250 000 entrées !) et « Les 55 jours de Pékin » pendant 21 semaines (142 000 spectateurs) !!!… etc… etc…
Bonjour,
On peut effectivement se demander si ces gens aiment le cinéma…
En fait tout a changé en 2001 avec la fusion Gaumont-Pathé. Avant quand Gaumont gérait ses cinémas en propre, des salles déficitaires à long terme ont également été fermées et c’est normal. Mais il y a avait quand même un amour du cinéma de la part des dirigeants qui mettaient aussi en avant le côté prestige de certains établissements. Puis avec la création d’Europalaces, devenu Les Cinéma Gaumont-Pathé, c’est vraiment la rentabilité qui est le principal et seul objectif. On peut bien sur comprendre qu’une société de cette importance a besoin de faire des bénéfices pour vivre, d’autant qu’en fin d’année il n’y a pas de subvention ou autre aide qui vienne combler les déficits comme c’est le cas pour certaines salles notamment art et essai. Mais sacrifier des sites « vitrines » comme le Kinopanorama hier ou l’Ambassade aujourd’hui c’est incompréhensible et révoltant. Ces lieux faisaient partie du patrimoine et avaient toute une histoire étroitement liée à celle du septième art. Les décisionnaires des Cinémas Gaumont-Pathé vendent des films comme ils vendraient des voitures, des cuisines ou tout autre produit sauf que le cinéma n’est pas un secteur comme les autres, il y a une grosse part d’affectif qui est malheureusement totalement occultée.
En tout cas les Champs-Elysées perdent décidément de leur charme d’année en années, il ne reste bientôt plus que des souvenirs.
Gaumont fait une gestion a court terme en vendant de tels bijoux. A quand la reouverture du Gaumont Palace?????
Question: est-ce que les dirigeants des cinémas Gaumont-Pathé aiment-ils encore le cinéma ?!
A force de fermer leurs « vieux » cinémas pour ne se concentrer que sur la « cinéphilie multiplexe » dans leurs nouveaux complexes, ils dégoûtent les spectateurs assidus et fidèles avec cette nouvelle proposition cinématographique, certes séduisante (confort, technologie) mais trop souvent rébarbative (programmation standardisée, confiserie sans charme, consommation )…
Qu’ils n’oublient pas que les cinémas sont (aussi) des lieux de vie !
J’ai de beaux souvenirs de cinéma dans les salles du Gaumont Ambassade durant mon adolescence…
J’y ai vu le Grand Bleu (version longue) et les films d’Yves Robert adapté de Pagnol (La Gloire de mon père et le Château de ma mère) dans les deux grandes salles Gaumont Rama.
La façade faite de grands panneaux et d’enseigne lumineuse m’a tant fait rêver sur une avenue où l’offre cinématographique était impressionnante.
C’est une époque qui est révolue: l’avenue des Champs-Elysées est devenue la vitrine de marques internationales de vêtements et semble de moins en moins appréciée des parisiens puisqu’à part les vitrines, l’offre culturelle se raréfie. L’Ambassade va nous manquer!