Adresse: 65, avenue des Champs-Elysées à Paris (8ème arrondissement)
Nombre de salles: 1

Le 23 avril 1936 à 19 heures ouvre sur l’avenue des Champs-Elysées la salle du Ciné-Elysées-Actualités à une période où fleurissent les cinémas d’actualités. Le programme de cette projection inaugurale est composé de « Visages de France », de films d’actualités, du court-métrage « 2222 CF 2 » de Victor de Fast avec Fernand Charpin et Doumel et du cartoon « Water babies » de Walt Disney.

Le Ciné-Elysées-Actualités est une grande salle sans balcon, aux tonalités rouges, qui se positionne d’emblée comme une élégante salle d’actualités.

Ci-dessus: à l’affiche de l’Elysées-Cinéma en janvier 1947, une production MGM « Deux jeunes filles et un marin ».

Assez rapidement, la programmation est orientée vers le long-métrage. C’est avec le film « Les Mariages de mademoiselle Lévy » d’André Hugon le 12 novembre 1936 que la salle change d’enseigne et prend le nom d’Elysées-Cinéma, une dénomination qui perdure jusqu’en 1981 et son rachat par UGC.

Une élégante salle de quartier.

L’Elysées-Cinéma est une salle de quartier qui sélectionne un film différent chaque semaine. Les productions étrangères, principalement américaines, sont proposées en version originale.

Pendant l’Occupation, la salle garde son statut de salle de quartier et alterne une affiche de prolongations et  de reprises. Les exclusivités commencent à s’installer sur l’écran de l’Elysées-Cinéma comme « Frédérica » de Jean Boyer avec Charles Trenet le 19 novembre 1942, « Coup de feu dans la nuit » de Robert Péguy le 24 février 1943 ou encore « Mademoiselle Béatrice »  de Max de Vaucorbeil avec Gaby Morlay le 20 mai 1943.

A la Libération, l’Elysées-Cinéma devient une des salles privilégiées qui affiche la production de grands studios américains, interdite pendant l’Occupation. La plupart de ces films, qui sortent en version originale, ne sont jamais doublés donc peu exploités dans d’autres salles parisiennes ou en province comme « La Lumière qui s’éteint » réalisé par William A. Wellman le 24 octobre 1945, « La Sœur de son valet » de Frank Borzage avec Deanna Durbin le 23 octobre 1946.

Pendant des décennies, la luxueuse salle des Champs-Elysées est intégrée au circuit Paramount et propose la version originale des films qui sortent dans le prestigieux cinéma des grands boulevards.

L’exclusivité de certains films continue au seul Elysées-Cinéma comme « Vacances romaines » de William Wyler à l’affiche le 11 avril 1954, « Sabrina » de Billy Wilder le 4 février 1955 ou bien « Trahison sur commande » de George Seaton le 31 octobre 1962. Les autres salles du circuit Paramount sortent alors un western ou un film d’aventures qui est un genre alors peu prisé par les spectateurs des Champs-Elysées.

Ci-dessus: vues de la salle en 1957 après une période de travaux dirigées par « l’architecte des cinémas » Georges Peynet.

Ci-dessus: le hall restauré de l’Elysées-Cinéma en 1957.

En 1957 d’importants travaux sont entrepris afin d’améliorer la vision et le son de la salle qui compte 528 fauteuils. La salle avait deux défauts comme le souligne La Cinématographie française cette année-là: « une mauvaise visibilité et l’impression d’écrasement donnée par un plafond aux formes lourdes ».

Afin d’améliorer la visibilité,  la revue professionnelle précise que « l’architecte Georges Peynet a dû défoncer le sol sur presque la totalité du cinéma. En outre par des découpages de staff et par la hauteur qu’il a pu gagner en fixant le staff sous les fermes, Georges Peynet a accentué cette rectification du volume de la salle. Le cinéma se présente maintenant comme un grand vaisseau aux proportions agréables où deux grands panneaux latéraux garnis de soie et de verre viennent recevoir une fresque lumineuse d’un dessin harmonieux. Par un artifice de plafond, la hauteur côté écran a été augmentée et a permis de loger une image de 4m X 8,5m. Le hall a été transformé: un sol de marbre, des parois latérales de formica accordent leurs riches surfaces au confort de la moquette de fond de hall ».

C’est avec le film « Terreur aveugle » de Richard Fleischer que l’Elysées-Cinéma est intégré le 26 novembre 1971 dans une combinaison d’exclusivité UGC avec entre autres les cinémas Helder, Cluny-Ecoles et Rotonde. La fréquentation est alors en hausse et la salle est parfois associée avec celle du prestigieux Rex comme pour les films « Il n’y a pas de fumée sans feu » d’André Cayatte le 17 mai 1973, « Opération Dragon » de Robert Clouse le 31 janvier 1974 ou « L’Arnaque » de George Roy Hill le 17 avril de la même année, un succès qui garde l’affiche plus de vingt semaines.

Ci-dessus: l’UGC Champs-Elysées programme le 28 février 1996 « Raison et sentiments » d’Ang Lee.

La nouvelle vie de la prestigieuse salle UGC Champs-Elysées.

Le réseau UGC rachète le cinéma mono-écran en septembre 1981 et le renomme UGC Champs-Elysées. La salle devient alors pour l’exploitant une salle de prestige à l’instar du Gaumont Champs-Elysées pour la firme à la marguerite ou du Paramount-Elysées (anciennement l’Avenue) pour Parafrance, la société de Jo et Samy Siritzky.

Les exclusivités programmées dans la salle de l’UGC Champs-Elysées tiennent l’affiche longtemps comme avec « Le Faussaire » de Volker Schlöndorff 28 octobre 1981, le beau film « Yol » d’Yilmaz Guney le 1 septembre 1982, « Le Choix de Sophie » d’Alan J. Pakula le 30 mars 1983 ou « Yentl » de Barbra Streisand le 11 avril 1984.

Le 22 janvier 1986, « A Chorus Line » est à l’affiche en seule copie 70MM à l’UGC Champs-Elysées, le Kinopanorama ne possède qu’une copie 35MM. La salle lance pour ces séances un système de réservations qu’on retrouve dans les théâtres.

Des œuvres de Bertrand Tavernier, de Woody Allen, de James Ivory, de Robert Altman, d’Ethan et Joel Coen ou les derniers films d’Akira Kurosawa se succèdent sur l’écran de l’UGC Champs-Elysées renforçant son statut de salle « Prestige » du réseau.

Ci-dessus: « Intimité » de Patrice Chéreau à l’affiche le 28 mars 2001 alors que les commerces qui jouxtent le cinéma sont murés.

La dernière salle unique de l’avenue des Champs-Elysées est, comme le souligne Le Film français, « un site prisé par les distributeurs pour des sorties qu’ils jugeaient hautement qualitatives car un film qui rencontrait le succès à l’UGC Champs-Elysées était garanti d’y rester pour une longue période comme « American Beauty » ou « Billy Elliot » qui avaient tenu le haut de l’affiche pendant des semaines ».

La pression immobilière sur les Champs-Elysées sonne le glas du cinéma.

Le 12 décembre 2001 sort « Le Peuple migrateur » de Jacques Perrin, c’est le dernier film programmé dans la salle de l’UGC Champs-Elysées. Malgré le succès du film, la fermeture définitive intervient le 15 janvier 2002 alors que, depuis de nombreux mois, l’immeuble dans lequel est situé le cinéma est muré.

Ci-dessus: le 15 janvier 2002, le dernier jour d’exploitation du cinéma UGC Champs-Elysées avec à l’affiche « Le Peuple migrateur ».

Six mois plus tard c’est au tour du Kinopanorama de baisser son rideau. Le prestigieux Gaumont Champs-Elysées a fermé ses portes le 31 décembre 1999. UGC ferme sur les Champs-Elysées l’Ermitage en 1990 et cinq ans plus tard le Biarritz.

La direction des cinémas UGC précise à l’époque que la fermeture de son cinéma mono-écran des Champs-Elysées est due à un non renouvellement de bail, le propriétaire cherchant depuis des années de récupérer ses locaux dans le cadre de la restructuration de l’immeuble. La revue Le Film français titre alors « Champs-Elysées, le cinéma perd sa plus belle avenue »…

Les Champs-Elysées et les salles de cinéma.

Remerciements; M. Thierry Béné.
Documents: La Cinématographie française, Gallica/BnF
Photos en couleurs: collection particulière.

Ci-dessus: pavé de presse d’ouverture le 23 avril 1936 du Ciné-Elysées-Actualités.

Ci-dessus: en exclusivité pendant l’Occupation « L’homme qui vendit son âme » 23 septembre  1943.

Ci-dessus: en exclusivité pendant l’Occupation « Jeannou » 11 novembre 1943.

Ci-dessus: « Vacances romaines » à l’affiche de l’Elysées-Cinéma.

Ci-dessus: les années Paramount avec « Trahison sur commande » en 1962.

Ci-dessus: les années Paramount avec « Jerry chez les cinoques » en 1965.