Adresse: 4 rue de Rivoli à Nice (Alpes-Maritimes)
Nombre de salles: 5
Création: 1927
C’est le vendredi 11 mars 1927 qu’a lieu à Nice l’inauguration officielle du Rialto, une salle de 1.100 fauteuils située en plein centre du prestigieux quartier des grands hôtels et de la promenade des Anglais. Pour inaugurer ce nouveau cinéma, une grande soirée de gala est organisée au bénéfice des œuvres de charité de la ville. On annonce un programme de premier ordre en compagnie du grand orchestre symphonique composé de cinquante musiciens et d’un orgue. Le drame colonial tourné au Maghreb « Yasmina » d’André Hugon inaugure l’écran du Rialto, un cinéma qui est déjà annoncé dans la presse locale comme incontournable: « la somptuosité de son cadre et la qualité de son orchestre ne contribuerons pas pour une moindre part à ce résultat d’ores et déjà acquis par l’éclat des spectacles annoncés ».
Le quotidien Le Petit Niçois du 12 mars 1927 revient sur la soirée inaugurale de la veille: « On a inauguré hier soir le cinéma Rialto. Cette splendide salle, toute nouvellement construite, rue de Rivoli près du Negresco, répond aux plus exigeantes attentes. Sa décoration, en deux tons, vert éteint et corail est à la fois une réussite et une audace. Les peintures des murs sont d’une chaude richesse, l’éclairage est une féerie lumineuse. Pas d’étage, mais un immense « parquet » de fauteuils grenat qui rappelle les salles parisiennes les plus en vogue. Le programme d’hier qui a été tourné devant un public aussi élégant qu’enthousiaste comprenait un curieux plein air « Le continent mystérieux » ; un Charlot plein de bouffonneries « La Cure de Charlot » et un film français « Yasmina » interprété par Mlle Huguette Duflos et M. Léon Mathot. La projection est excellente et l’orchestre mérite de chauds compliments pour son homogénéité, sa qualité et sa brillante souplesse. Le cinéma Rialto va occuper une place de choix à Nice, nous en félicitons son propriétaire et son directeur ».
Le Rialto, un nouveau et prestigieux cinéma niçois.
Le Rialto lancé, défilent sur son écran de grandes productions du cinéma muet issues des studios de la UFA (Universum Film AG) comme « Lucrèce Borgia » de Richard Oswal avec Conrad Veidt à l’affiche le 1er avril 1927 ou de ceux de la Metro-Goldwyn qui font les beaux jours à Paris du cinéma Madeleine comme « Le Cirque du Diable » du réalisateur danois Benjamin Christensen avec Norma Shearer le 30 septembre 1927, « L’Inconnu » de Tod Browning avec Lon Chaney et Joan Crawford le 4 novembre 1927 ou bien « La Tentatrice » de Fred Niblo avec Greta Garbo le 9 décembre 1927.
Bientôt équipé du R.C.A. High Fidelity, le Rialto présente à Nice l’innovation majeure en cette veille des années 1930 du cinématographe: les premiers films sonores. Dès le 16 février 1929, un programme composé de divers courts métrages « parlants et musicaux » est annoncé suivi une semaine plus tard du film muet « The Gorilla » d’Alfred Santell avec Charles Murray accompagné du film sonore « Le Monde est à nous ». A chaque séance, le grand orchestre symphonique dirigé par Georges Georges et composé de cinquante musiciens accompagne le programme où sont insérées les actualités Fox Movietone. A cette période, de grands films muets continuent à être programmés comme « Thérèse Raquin » de Jacques Feyder avec Gina Manès qui occupe l’écran dès le 1er mars 1929 ou « La Belle Ténébreuse » de Clarence Brown avec Greta Garbo le 25 octobe 1929.
Le film qui fait l’événement à Nice comme dans le reste du monde est la sortie du premier film parlant, « Le Chanteur de jazz » à l’affiche du Rialto dès le 22 novembre 1929 pour deux semaines après avoir rencontré un triomphe à l’Aubert-Palace à Paris. Suivent bientôt « Ombres blanches » de W. S. Van Dyke et Robert J. Flaherty – « le film qui a fait six mois de triomphe au Madeleine de Paris », la comédie musicale de la M.G.M. « The Broadway Melody » réalisée par Harry Beaumont au Rialto à partir du 7 février 1930, « Chanson païenne » de W. S. Van Dyke dans lequel « Ramon Novarro chante pour la première fois« , « Le Baiser » de Jacques Feyder avec Greta Garbo le 28 mars 1930 accompagné de Laurel & Hardy dans leur premier film parlant 100% français.
Ci-dessus: pavé de presse pour la sortie de « Frankenstein » au Rialto le 9 décembre 1932.
Ci-dessus: pavé de presse pour la sortie de « Cesar » au Rialto et à l’Escurial le 18 décembre 1936.
Alors que le cinéma parlant se généralise, se succèdent sur l’écran du Rialto les grands succès des années 1930, comme « Frankenstein » de James Whale révélant le génial Boris Karloff le 9 décembre 1932, « Les Trois Mousquetaires » d’Henri Diamant-Berger dont les deux parties sont présentées au cours de la même séance avec entracte dès le 13 janvier 1933, « La Nuit du carrefour » de Jean Renoir d’après Georges Simenon le 17 février 1933 ou « L’Illustre Maurin » d’André Hugon le 29 décembre 1933. Les doubles programmes commencent à apparaître au programme du Rialto: il s’agit de présenter deux films à la suite pour le prix d’un seul billet. Ainsi, entre autres, deux films de la Warner Bros. sont à l’affiche le 5 janvier 1934 « La Porte des rêves » de Michael Curtiz programmé avec « Frisco Jenny » de William A. Wellman ou le 13 mars 1936 « Intelligence Service » de Louis J. Gasnier et Charles Barton avec Cary Grant joué avec « La Clé de verre » de Frank Tuttle avec George Raft.
Ci-dessus: la salle du Rialto en 1936.
En 1936, le Rialto ferme quelques semaines le temps d’une nouvelle exploitation portée par Gaumont Franco-Film Aubert (
La réouverture de la salle est prévue le 9 octobre 1936 avec le film « Désir » de Frank Borzage avec Marlene Dietrich et Gary Cooper projeté en version originale et programmé en tandem avec le cinéma l’Escurial qui le propose en version française. Suit le grand succès du Rialto « Bichon » de Fernand Rivers avec Victor Boucher, grande vedette des années 1930, ainsi que « Rigolboche » de Christian-Jaque avec Mistinguett et Jules Berry le 6 novembre 1936 « présenté en même temps que Paris », « Jenny » de Marcel Carné le 13 novembre, ou bien « César » de Marcel Pagnol le 18 décembre en tandem avec l’Escurial.
Le Rialto se réserve à Nice l’exclusivité des films interprétés par la vedette Gaby Morlay avec « Les Grands » de Félix Gandéra le 20 novembre 1936, « La Peur » également connu sous le titre « Vertige d’un soir » de Viktor Tourjanski d’après la nouvelle de Stefan Zweig le 11 décembre 1936 et « Les Amants terribles » de Marc Allégret le 8 janvier 1937. A cette période, la G.F.F.A. mène des accords de distribution avec les salles indépendantes sur le territoire national comme à Nice. Les films à fort potentiel commercial sont ainsi proposées au Rialto et à l’Escurial comme « La Charge de la brigade légère » de Michael Curtiz avec Errol Flynn et Olivia de Havilland le 26 février 1937, « Gueule d’amour » de Jean Grémillon avec Jean Gabin et Mireille Balin le 1er octobre 1937 ou bien « Regain » de Marcel Pagnol avec Fernandel le 24 décembre 1937.
Ci-dessus: « La Charge de la brigade légère » de Michael Curtiz avec Errol Flynn et Olivia de Havilland à l’affiche du Rialto et de l’Escurial le 26 février 1937.
Ci-dessus: « Regain » de Marcel Pagnol à l’affiche du Rialto le 17 décembre 1937.
Ci-dessus: « Les Hauts de Hurlevent » de William Wyler avec Merle Oberon et Laurence Olivier à l’affiche du Rialto et du Casino Municipal le 22 décembre 1939.
Les cinémas niçois en temps de guerre.
En 1939, le Rialto comme la salle du Casino Municipal sont équipés par Gaumont des dernières technologies, dont « des lanternes haute intensité spécialement mises au point pour le Gaumont-Palace et le Marignan de Paris, les deux salles niçoises auront ainsi la plus belle projection de la Côte d’Azur » selon M. Charles Moretti. Dans la revue La Cinématographie française datée du 24 juin 1939, Edmond Epardaud soulève la question des nombreuses salles de première vision à Nice, au nombre de huit sur un total de vingt-huit cinémas. Ainsi, le Paris-Palace, le Forum, l’Escurial, L’Excelsior, le Mondial, l’Edouard VII, le Casino Municipal et le Rialto ne sont pas en mesure d’assurer une programmation de qualité renouvelée toutes les semaines et sont contraintes de proposer également des films médiocres aux faibles rendements. Certaines salles affichent jusqu’à trois films par séance pour assurer une rentabilité: le spectateur, pour le prix d’un billet, assiste ainsi à trois films consécutifs. Rappelons que, contrairement à Paris, les films ne restent qu’une semaine à l’affiche, excepté les films très porteurs.
Les salles de Nice, en zone libre, continuent de fonctionner tandis que la guerre ravage l’Europe: ainsi, le Paris-Palace, le Forum et l’Escurial accèdent encore jusqu’en 1942 aux nouvelles productions à succès tandis que le Rialto affiche dans sa salle des reprises. La revue collaborationniste Le Film annonce une belle saison d’été pour cette année 1942 précisant que « certains films à succès sont exploités jusqu’à la corde ». Le tandem Rialto – Casino Municipal inaugure la saison 1942-1943 avec le film inédit « La Piste du nord » de Jacques Feyder avec Pierre-Richard Willm et Michèle Morgan à l’affiche des deux salles durant deux semaines.
Le 5 avril 1943, alors que Nice est sous occupation italienne depuis novembre 1942, la fédération des directeurs de spectacles des Alpes-Maritimes annonce que le permanent est supprimé dans les cinémas de Nice: « le contingent d’électricité accordé aux cinémas étant encore diminué de 50%, il n’y aura plus de permanent dans aucun établissement. En semaine les cinémas ne donneront qu’une matinée de 3 heures à 5 heures, le dimanche il y aura 2 matinées. Aucun changement pour les soirées. D’autre part, une moitié des cinémas fonctionnera le mardi et fermeront le vendredi; l’autre moitié fermant le mardi pour jouer le vendredi ».
Le Rialto, dont le jour de fermeture est le vendredi, affiche pour la première fois à Nice dès le 19 février 1943 le film de Marcel Carné « Le Jour se lève » avec Jean Gabin puis « Ne le criez pas sur les toits » de Jacques Daniel-
Dans l’immédiate période de l’après-guerre, de sévères restrictions d’électricité impactent l’exploitation cinématographique niçoise jusqu’en 1946: si certaines salles peuvent fonctionner deux fois par jour (en matinée et en soirée), d’autres comme l’Escurial sont contraintes de réduire leurs séances du fait de coupures de courant dès 14 heures. A la fin de l’année 1945, un vent de révolte souffle chez les exploitants qui décident d’outrepasser les restrictions et fonctionner tout de même en journée, provoquant une rencontre avec le préfet des Alpes-Maritimes le 22 décembre. A la suite d’un assouplissement des règles d’ouvertures, une grève des opérateurs de projection est déclenchée le 30 décembre en raison du non-respect de la convention passée le 29 octobre 1945.
Le Rialto souffre de ces contraintes tandis qu’une pénurie de productions nouvelles se fait sentir. Les recettes des salles niçoises, y compris les salles de première vision comme le Rialto, chutent considérablement auxquelles s’ajoute un conflit entre les exploitants et l’agence Havas qui revoit à la hausse les tarifs des encarts publicitaires dans les quotidiens locaux. En ce début de l’année 1946, seul le Mondial connait une forte fréquentation. Fait suffisamment rare dans l’exploitation pour être souligné, une affiche collective hebdomadaire propose les programmes des salles de Nice, indépendantes ou rattachées à un circuit, mais aussi des théâtres.
Ci-dessus: la façade du cinéma Rialto en 1946.
Après une nouvelle grève du personnel des cinémas qui dure 34 jours à l’automne 1947, les salles rouvrent le 10 décembre. La fin de l’année 1947 est marquée par la sortie nationale effectuée par RKO Pictures de « Dumbo, l’éléphant volant » dans un nombre record de salles pour les fêtes de fin d’année. Le film de Walt Disney est ainsi à l’affiche simultanément au Rex et au Gaumont-Palace à Paris, à l’Apollo de Lens, au Palace de Cambrai, à l’Eden et à l’Armor de Brest, au Paris de Chambéry… et au Mondial ainsi qu’au Rialto de Nice. Le 22 décembre 1948, le film « Le Cœur sur la main » d’André Berthomieu avec le jeune Bourvil est proposé en première au Rialto, la sortie parisienne n’a lieu que quelques mois plus tard, le 29 juin 1949 au Rex et au Gaumont-Palace.
Durant les années 1950, la fréquentation du Rialto, toujours exploité par Gaumont à l’instar du Paris-Palace et du Casino, baisse d’une manière plus prononcée que les cinémas concurrents. Même si en 1953 la salle forme avec le Mondial un tandem programmant les exclusivités niçoises, cela n’endigue pas la chute sa fréquentation. La salle s’associe bientôt à d’autres cinémas niçois comme le Fémina ou le Casino, ce qui ne permet pas d’enrayer la baisse de sa fréquentation. La sortie le 21 mai 1952 de « Coiffeur pour Dames » de Jean Boyer avec Fernandel enregistre 10.511 entrées au Casino, 7.465 au Fémina et seulement 5.559 au Rialto. Même constat pour « Les Aventures de Peter Pan » de Walt Disney le 23 décembre 1953 qui cumule 12.335 entrées au Casino, 7.694 au Fémina et 6.292 au Rialto. Enfin, pour le film « En effeuillant la marguerite » de Marc Allégret, on compte la semaine du 31 octobre 1956 12.383 entrées au Casino-Gaumont, 8.010 à l’Excelsior et 5.982 au Rialto.
La prestigieuse reconstruction du cinéma Rialto.
Pour enrayer la chute de sa fréquentation, le Rialto doit se moderniser. La salle exploitée par la Société nouvelle des établissements Gaumont (S.N.E.G.) ferme en juin 1957 pour subir d’importantes transformations et être équipée pour le CinemaScope du procédé Todd-AO et de la projection télévision sur grand écran. Les travaux réalisés par les architectes Vladimir Scob – à l’origine des cinémas Le Paris de Beauvais et Le Club d’Alger – et A. Galli comportent également l’édification d’un immeuble de six étages au-dessus du cinéma. Roger Hayem dans Le Film français du 6 juin 1958 revient sur l’inauguration du nouveau Rialto toujours dirigé par M. Charles Moretti: « L’architecte parisien V. Scob, à qui l’on doit de nombreuses salles dont le Wepler de Paris, assisté de son collègue niçois M. Galli, qui fut le réalisateur du premier Rialto en 1926, ont accompli un véritable tour de force en matière de rénovation. Tout en gardant les superstructures de l’ancien établissement, ils en ont fait un cinéma très moderne où la beauté du décor aux lignes sobres et harmonieuses, n’a d’égale que le soin minutieux apporté au confort du spectateur. Dès l’entrée de la salle, le public est déjà séduit par l’immense façade, le vaste hall dallé de marbre, précédant un agréable foyer tapissé de rouge, l’ensemble étant éclairé par de longs tubes de néon qui en accentuent la profondeur. Puis c’est la salle avec ses 747 fauteuils « Pullman » gris perle en « Dunlopillo » qui s’étagent en pente douce permettant une visibilité totale de toutes parts. Des portes d’entrées à la scène, l’impression est celle d’un vaste et luxueux vaisseau du plus séduisant effet. Car, à la décoration murale rouge et jaune, et aux appliques lumineuses en forme de proue de caravelles, s’ajoute très originalement un faux plafond suspendu de couleur bleu-nuit, ajouré de larges coupoles à lumière indirecte. Pendant la projection, ces coupoles restent doucement éclairées, baignant ainsi les spectateurs d’une clarté phosphorescente très agréable. L’écran nacré de 14 mètres de large est caché par un épais rideau de velours rouge lequel est lieu même enveloppé dans les plis d’un autre rideau, jaune d’or celui-là, qui ferme la scène sur une longueur de 28 mètres ».
Ci-dessus: croquis de la façade du Rialto en 1958.
Ci-dessus: croquis de la salle Todd-AO en 1958.
Ci-dessus: plan de la salle en 1958.
L’installation technique permet l’utilisation de tous les procédés d’élargissement de l’image de l’époque tandis que la stéréophonie se déploie sur un ensemble de dix-sept haut-parleurs d’ambiance. L’inauguration du Rialto repensé a lieu le 12 mais 1958 avec le film « Espionnage à Tokyo » de Richard L. Breen avec Robert Wagner et Joan Collins. La programmation inclue cependant des films ne nécessitant pas forcément les possibilités offertes par le grand écran. Parmi eux, citons le 16 juillet 1958 « L’École des cocottes » de Jacqueline Audry, réalisatrice de l’étonnant « Olivia » sept ans plus tôt, « Sissi face à son destin » d’Ernst Marischka avec Romy Schneider le 3 septembre 1958 soit une semaine avant la sortie parisienne, « Les Tricheurs » de Marcel Carné le 5 novembre 1958 ou bien « Robinson et le triporteur » de Jack Pinoteau le 22 décembre 1959.
C’est véritablement le succès du film musical de la Fox « South Pacific » de Joshua Logan qui créé l’événement dans la salle du Rialto: le 18 février 1960, au cours d’une soirée de gala, est inaugurée la première installation Todd-AO dans la région du Sud-Est. Dans la salle, le nouvel écran mesure 16,15 mètres de base et 7,20 de haut tandis que la cabine est dotée de projecteurs DP 70 utilisables pour tous les films de 35 à 70MM avec un maximum de six pistes sonores. A la suite de « South Pacific », d’autres films en 70MM sont à l’affiche du Rialto comme le péplum « Carthage en flammes » de Carmine Gallone le 20 avril 1960.
Ci-dessus: publicité corporative pour le Todd-AO au cinéma Rialto.
Suite aux décisions gouvernementales fixant le prix des places dans les cinémas, le préfet des Alpes-Maritimes décide le 15 septembre 1960 de classer les salles de Nice en deux catégories: les salles de premières visions bénéficiant de la liberté totale des prix et les salles soumises au régime de blocage des prix. Le Rialto ainsi que le Paris-Palace, le Monte-Carlo, Les Variétés, l’Escurial, le Casino-Gaumont et le Forum sont libres de fixer le prix des place; ce qui a pour conséquence la remise en cause des politique de combinaisons des salles pour les sorties des films. Tandis que les unes conservent la liberté des prix, les autres avec lesquelles elles co-exploitent les productions sont soumises au blocage.
L’avant-première française du film « Le chat miaulera trois fois » de Steno se déroule au Rialto le 6 février 1961 en présence de ses interprètes Francis Blanche, Ugo Tognazzi, Yvonne Furnaux et Peppino di Filippo. Une conférence de presse est organisée dans la journée par Pathé, nouvel exploitant du Rialto, dans les salons de l’hôtel Negresco.
Le Rialto s’équipe du Cinérama.
Alors que le procédé Cinérama est installé au début des années 1960 dans plusieurs salles prestigieuses comme le Gaumont-Palace à Paris, l’ABC à Marseille, le Broglie à Strasbourg, le Palais des Congrès à Lyon, c’est au Rialto de Nice qu’est inauguré le Cinérama avec son système de triple écran qui a assuré un grand succès de la salle de l’Empire à Paris. La Cinématographie française commente le 14 septembre 1963 l’inauguration du Cinérama au Rialto: « Après les importantes transformations subies, la salle compte 634 places au lieu des 747 existant auparavant, disposées en gradins semi-circulaires, chaque rang de ce mezzanine étant séparé du précédent par une marche, formant ainsi un véritable amphithéâtre d’où la vue est dégagée de chaque fauteuil. Outre les cabines « Cinérama » nouvellement installées dont la centrale est « pilote » pour les deux autres, l’ancienne cabine a été conservée avec une nouvelle disposition de projection. L’écran a 184 m2 de surface, 8 mètres de haut sur 23 de long. Il est composé de plus de 1.800 lamelles perforées formant une concavité de 120 degrés. La décoration de la salle est en moquette rouge avec bandes grises du sol au plafond gris. Le nouveau podium est en moquette grise, légèrement plus claire que les fauteuils super-confort. Une nouvelle installation de climatisation par pulsion d’air depuis les côtés de l’écran et le long du plafond assure à la salle une température constante ».
Ci-dessus: la façade du Rialto-Cinérama en 1964.
Ci-dessus: la salle du Rialto-Cinérama en 1964.
Ci-dessus: la salle du Rialto-Cinérama en 1964.
Ci-dessus: « La Conquête de l’Ouest » réalisé par Henry Hathaway, John Ford et George Marshall au Rialto-Cinérama.
Au cours de la soirée qui accueille le nouveau procédé sont projetés les films-annonces des productions réalisées en Cinérama « La Conquête de l’Ouest » et « Les Amours enchantées » suivis du film inaugural « Cinerama Holiday » réalisé par Robert L. Bendick et Philippe De Lacy. Le film « La Conquête de l’Ouest » réalisé par Henry Hathaway, John Ford et George Marshall est évidemment programmé au Rialto-Cinérama lors de sa sortie prochaine.
Ci-dessus: sortie de « 2001, l’Odyssée de l’espace » de Stanley Kubrick en Cinérama.
Ci-dessus: sortie de « Hello, Dolly! » de Gene Kelly le 19 décembre 1969.
Le 21 janvier 1964, le Rialto-Cinérama ferme quelques jours afin de transformer sa cabine Cinérama pour l’utilisation d’un projecteur unique. C’est avec le film tourné en Ultra Panavision 70 « Un monde fou, fou, fou, fou » de Stanley Kramer qu’est lancé à Nice le 31 janvier 1964 ce nouveau procédé de projection sur l’écran Cinérama. Au Rialto-Cinérama se succèdent les productions précédemment affichées à l’Empire comme « My Fair Lady » de George Cukor avec Audrey Hepburn, « La Plus Grande Histoire jamais contée » de George Stevens, « La Grande course autour du monde » de Blake Edwards le 25 février 1966, « Grand Prix » de John Frankenheimer, « Playtime » de Jacques Tati, « 2001, l’Odyssée de l’espace » de Stanley Kubrick le 18 décembre 1968, « Krakatoa à l’est de Java » de Bernard L. Kowalski le 16 avril 1969 ou le musical « Hello, Dolly! » de Gene Kelly le 19 décembre 1969.
En ce début des années 1970, le Rialto revient à une programmation plus classique avec des films comme « Mourir d’aimer » d’André Cayatte avec Annie Girardot le 27 janvier 1971, « Le Conformiste » de Bernardo Bertolucci avec Jean-Louis Trintignant et Dominique Sanda le 12 mai 1971, « Les Aristochats » de Wolfgang Reitherman le 22 décembre 1971, « César et Rosalie » de Claude Sautet le 11 janvier 1973, « Cris et Chuchotements » d’Ingmar Bergman le 10 octobre 1973, « Lacombe Lucien » de Louis Malle le 20 février 1974 ou encore le sulfureux « Salò ou les 120 Journées de Sodome » de Pier Paolo Pasolini le 29 juin 1977.
Le Rialto abandonne sa salle unique et créé cinq salles.
Avec l’ouverture dans les années 1970 de complexes multisalles, les sorties des films n’ont plus l’exclusivité des salles mono-écran qui sont boudées par les spectateurs, même si le succès du Kinopanorama de Paris va crescendo en 1978. Cette même année, après une ultime séance de « La Part du feu » d’Étienne Périer, la salle du Rialto ferme son rideau.
Ci-dessus: la façade du Rialto en 2008.
Avec ses quatre salles, le complexe UGC Rialto ouvre ses portes tandis qu’une cinquième est créée quelques semaines plus tard. La capacité du cinéma est de 249 fauteuils pour la plus grande salle, 192, 99, 99 et 65 fauteuils pour les quatre salles suivantes. Sous l’ère UGC, l’affiche propose les mêmes films projetés dans les autres salles de la ville, même si quelques événement ponctuent la programmation comme la venue de Sergio Gobbi pour présenter son film « L’Arbalète » le 14 novembre 1984.
Le Rialto est aujourd’hui à Nice un des plus anciens cinémas encore en activité avec le Mercury. Animé par la même équipe que Les Variétés, le cinéma indépendant propose désormais une programmation tournée vers l’Art et Essai.
Remerciements: M. Thierry Béné.
Documents: La Cinématographie française, Le Film français, Le Film, Gallica-BnF, Archives CD 06 et Collection particulière.
Le Rialto à Nice au 4 rue de Rivoli avait le non de « Rialto Cinerama » dans les années soixante avec son écran concave de plus de 110m2. en 1963 la salle de projection remplaça le système des trois projecteurs cinerama par deux Phillips DP 70 capable de projeter des films du format 70 et 35 mm. Que de bon souvenirs.
J’aimerai bien savoir si quelqu’un aurait des photos de cette salle de ce temps-là.
Un souvenir imperissable au Rialto , la rediffusion dans les années 70 de « West Side Story », l’écran en Cinérama permettait lorsque l’on s’installait au centre de la salle d’étre au coeur de l’action.
When you’re à jet , you stay a jet….!!!
Nostalgie
Bonjour,
le Rialto porta effectivement le nom de Rialto Cinérama.
Quant au Capri, de Juan les Pins, qui eut (hélas !) une existence éphémère, je cherche en vain depuis des années des documents sur ce cinéma que j’ai beaucoup fréquenté enfant. Une seule petite photo me permettrait d’illustrer un article que j’ai écrit sur le Capri pour le site in70mm.com. Je lance ici cette bouée.
Bravo pour ce très beau blog !
Bonjour,
Lorsque je vivais enfant sur la Côte-d’Azur (dans les années 1960), je me suis rendu au moins une fois au Rialto, une grande salle de cinéma qui possédait un écran de type Cinérama (je me demande même s’il ne s’appelait pas le Rialto Cinérama ?). Dans cette salle, j’ai vu un film curieux par son titre et son sujet : Robinson Crusoé sur Mars (1964) de Byron Haskin. Le film était projeté en cinémascope. Il connu un nouveau concurrent vers la moitié des années 60 pour la projection de films en 70 mm : Le Capri à Juan-les-Pins.