Adresse: 50 rue de Malte à Paris (XIème arrondissement)
Nombre de salles: 1
L’existence de l’Alhambra remonte à 1904, mais la salle d’origine est détruite en 1925 par un incendie. C’est en 1931 que date la reconstruction du Théâtre-Cinéma Alhambra intégrant une immense salle pouvant accueillir 2.500 spectateurs. Proche de la place de la République, cette salle ne doit pas être confondue avec le cinéma du même nom situé au 22 boulevard de la Villette dans le XIXème arrondissement.
La revue La Construction Moderne dans son numéro 27 du 3 avril 1932 revient sur l’édification de l’Alhambra, une salle au nom hispanisant imaginée par l’architecte Georges Gumpel, et évoque l’introduction du matériel sonore dans l’aménagement des cinémas modernes: « Si tous les spectateurs doivent être bien placés pour bien voir l’écran, ils doivent en même temps très bien saisir les paroles ou la musique (…) Mais en outre, il est bien souvent demandé que l’on entende parfaitement des acteurs sur la scène et un orchestre de musiciens car beaucoup de cinémas alternent souvent les deux genres de représentations au cours d’une même séance ». Dès son ouverture, l’Alhambra proposent des séances combinant une oeuvre cinématographique et un spectacle de music-hall, comme cela se fait déjà dans le majestueux Gaumont-Palace proche de la place Clichy.
Ci-dessus: façade de l’Alhambra la semaine du 22 janvier 1932 avec à l’affiche Nicole et sa vertu de René Hervil, une production Jacques Haïk.
Films sonores et music-hall dans la nouvelle salle de l’Alhambra.
La même revue évoque l’emplacement de ce nouveau cinéma: « L’Alhambra développe sa façade principale sur la rue de Malte, presque qu’à l’angle de l’Avenue de la République et va en profondeur jusqu’à une voie parallèle qui est le Boulevard Jules Ferry (…) La salle actuelle s’élève à l’emplacement occupé par le Théâtre de L’Alhambra qui fut en partie détruit par un incendie au cours de l’année 1925 ». L’article poursuit la visite de l’Alhambra en revenant sur le plan général du bâtiment et en particulier « le hall avec ses 13 portes à deux vantaux et son très large escalier d’honneur de 12 mètres conduisant à un grand palier. A ce palier de plain-pied avec les entrées au parterre aboutissent les escaliers des étages: escaliers du foyer de corbeille, escaliers des loges et gradins ». Enfin, les caractéristiques de la salle sont décrites: « La disposition de cette salle est tout spécialement à remarquer. Profitant de la configuration du terrain, on a fait converger les parois vers le cadre de scène. Cette convergence vers la scène existe également dans la forme donnée au plafond. La profondeur de la salle sur son grand axe est de 24m60 et la largeur de la salle au cadre de scène est de 23m10 et au fond de la salle de 46m20 ».
L’Alhambra compte 2.500 fauteuils repartis dans le parterre (950 fauteuils) et aux promenoirs (environ 300); à la corbeille (570 fauteuils) et plus de 20 loges de 4 à 6 places; et au balcon (600 fauteuils). La salle est résolument conçue pour le cinéma: « Concernant les projections sur l’écran, il convient d’éviter leur déformation par aplatissement et celle-ci se produirait pour les places de côté si le rayon visuel atteignait le plan de l’écran sur un angle excessif. Cet angle détermine la largeur de la salle. En ce qui concerne l’acoustique de l’Alhambra, la forme évasée en tous sens de la salle à partir de la scène, est aussi favorable que possible à une distribution uniforme des ondes sonores, qui procèdent comme on le sait, par sphères concentriques (…) En fait l’audition est excellente de toutes les places sans résonances nuisibles et cependant sans étouffement des sons ». Ainsi, l’Alhambra pensé pour le cinéma sonore offre à ses spectateurs une qualité optimale de vision et d’audition des films, ce qui n’est pas toujours le cas de cinémas aménagés dans d’anciens théâtres ou de cafés-concerts.
Ci-dessus: la salle en 1931.
Ci-dessus: le foyer de la corbeille.
Ci-dessus: le grand escalier du hall d’entrée.
Ci-dessus: le foyer du balcon avec le bar au fond.
Ci-dessus: la façade de l’Alhambra.
Ci-dessus: coupe longitudinale.
Ci-dessus: les toiture et terrasse avec à gauche la cabine de projection.
Dans le quotidien L’Intransigeant du 13 septembre 1931, M. Marner, le directeur de l’Alhambra, évoque la ligne directrice de sa salle: « Cette formule de cinéma music-hall est à peu près inconnue en France. Evidemment quelques grandes salles comme le Paramount ou le Gaumont-Palace ont, entre leurs films, une attraction sur scène. A l’Alhambra, ce sera différent. La moitié du spectacle sera composée d’une partie cinématographique, l’autre de numéros comme on en voit à l’Empire, par exemple. Et pas d’entracte… Tout le programme se déroulera sans arrêt. Permanent l’après midi, avec la partie music-hall réduite et, à 9 heures, la soirée complète. On ne peut pas demander à certains numéros de passer trois ou quatre fois par jour. Le programme sera complètement renouvelé chaque semaine. Cela vous paraît extraordinaire ? En Angleterre, il existe des circuits de salles, comme il en existe en France pour le cinéma. Un numéro est engagé pour l’ensemble du circuit et fait le tour des salles. L’Alhambra fera en quelques sorte partie de ce circuit, ce qui lui permettra de présenter des numéros hebdomadaires qu’il n’aurait pas sans cela« .
Alors qu’on s’inquiète que l’Alhambra pourrait ne proposer que des films parlant anglais, M. Marner insiste sur le fait que « l’Alhambra sera un établissement essentiellement français. Nous voulons retrouver tout le public de l’ancienne salle de la rue de Malte ». Le quotidien précise sous la plume de Roger Régent que « le public retrouvera dans un cadre moderne, ses émotions d’autrefois. Cette salle fut le temple de l’attraction, de l’intermède où tous les amateurs du cirque, du tour de chant, du diseur et de l’acrobate fréquentaient. Pour suivre l’époque on a partagé le spectacle en deux et le cinéma, qui semble bien être l’expression même de notre temps, a pris sa part. Une heure et quart de cinéma; une heure et quart de music-hall, pas d’entracte; voila semble-t-il la formule idéale de spectacle à offrir aux hommes de 1931″.
L’Alhambra ouvre ses portes le 25 septembre 1931, quelques trois mois après l’inauguration du nouveau Gaumont-Palace, avec à l’affiche le film Dactylo, une production Pathé-Natan réalisée par Wilhelm Thiele et précédemment sortie en exclusivité au cinéma Marivaux sur les Grands boulevards. Interprété par trois grandes vedettes de ce début des années 1930 – Mary Glory, Jean Murat et Armand Bernard – le film est intégré à un programme complet qui comprend les actualités Pathé-Journal, le cartoon Mickey forain et le documentaire Bois turbulent. Le programme scénique est composé de la grande fantaisiste Marguerite Gilbert, du « jongleur mécontent » Rebla, des audacieux danseurs Les 4 Malinoff, des comédiens acrobates Witalt et Orive et du ventriloque d’Anfelmi.
Ci-dessus: le premier programme de l’Alhambra le 25 septembre 1931.
Les programmes de l’Alhambra apparaissent dans la rubrique music-hall de la presse quotidienne et non pas dans la rubrique cinéma. Chaque semaine, un nouveau film en seconde exclusivité est projeté dans la salle de l’Alhambra dont, entre autres, Azaïs de René Hervil avec Max Dearly à l’affiche la semaine du 6 novembre 1931, Gloria de Hans Behrendt et Yvan Noé avec Brigitte Helm, André Luguet, Mady Berry et le jeune Jean Gabin le 20 novembre 1931, Marius d’Alexander Korda avec Raimu et Pierre Fresnay la semaine du 18 décembre 1931, Le Congrès s’amuse d’Erik Charell et Jean Boyer avec Lilian Harvey et Henri Garat (pour la version française) la semaine du 26 février 1932, Les Cinq gentlemen maudits de Julien Duvivier avec Harry Baur à l’affiche pour 15 jours à partir du 29 avrril 1932, Au nom de la loi de Maurice Tourneur avec Marcelle Chantal et Gabriel Gabrio la semaine du 3 juin 1932 ou bien Shanghaï Express de Josef von Sternberg avec Marlene Dietrich le 19 août 1932.
Alors que beaucoup de théâtres se transforment en salles de cinéma, l’Alhambra revient dès le 7 octobre 1932 à des représentations de music-hall, abandonnant momentanément l’exploitation de films. L’orchestre de Ray Ventura tient ainsi l’affiche du music-hall durant plusieurs semaines. Le cinéma revient à partir du 5 octobre 1934 de façon permanente avec La Banque Némo, un film de Marguerite Viel interprété par Victor Boucher et accompagné pour l’occasion d’un programme complet de music-hall. Se succèdent sur l’écran La Reine Christine de Rouben Mamoulian avec Greta Garbo à l’affiche la semaine du 12 octobre 1934, L’Or de Karl Hartl et Serge de Poligny la semaine du 19 octobre 1934, N’aimer que toi d’André Berthomieu avec Josette Day la semaine du 26 octobre 1934 avec, au même programme, le chanteur Willy Thunis qui interprète sur scène «ses inoubliables succès du Pays du Sourire».
Ci-dessus: La Banque Némo fait la réouverture de l’Alhambra le 5 octobre 1934.
D’autres productions sont à l’affiche de l’Alhambra avant un retour au music-hall en septembre 1935 comme, par exemple, Les Compagnons de la nouba avec Laurel et Hardy la semaine du 30 novembre 1934, Madame Bovary de Jean Renoir avec Valentine Tessier le 11 janvier 1935, Angèle de Marcel Pagnol le 1er mars 1935, Les Lumières de la ville de et avec Charles Chaplin le 12 avril 1935, Toni de Jean Renoir le 19 avril 1935, L’Île au trésor de Victor Fleming le 24 mai 1935 ou encore Cette vieille canaille d’Anatole Litvak avec Harry Baur, Alice Field et Pierre Blanchar le 12 juillet 1935.
A partir de septembre 1935, l’Alhambra revient à la formule music-hall. La chanteuse Damia inaugure la réouverture de la salle de spectacles le 13 septembre 1935 en compagnie de l’humoriste Pierre Dac. Cette nouvelle ère du music-hall voit se produire les vedettes en vogue telles la chanteuse Lys Gauty, le duo Pills et Tabet, Milton ou encore la comédienne Cécile Sorel.
C’est à partir du 3 décembre 1937 que le cinéma réinvestit la salle de l’Alhambra avec une programmation privilégiant le double programme – une sélection de deux films à l’affiche, un concept courant à l’époque – accompagnés d’attractions renouvelées chaque semaine. Cette formule dure jusqu’à l’entrée des troupes allemandes dans la capitale. A l’affiche de cette double programmation, on trouve la semaine du 3 décembre 1937 Marthe Richard, au service de la France de Raymond Bernard et Trois Jeunes Filles à la page de Henry Koster, la semaine du 10 décembre 1937 Pépé le Moko de Julien Duvivier accompagné du film de Richard Boleslawski Le Jardin d’Allah avec Marlene Dietrich et Charles Boyer, le 31 août 1938 Laurel et Hardy au Far West de James W. Horne avec Les Sept Gifles de Paul Martin, le 21 décembre 1938 Éducation de prince de Alexandre Esway avec Louis Jouvet et Elvire Popesco et Vacances payées de Maurice Cammage, le 1er mars 1939 Madame et son clochard de Norman Z. McLeod et Les Gars du large de Henry Hathaway ou encore le 24 mai 1939 Le Fils de Frankenstein de Rowland V. Lee avec Boris Karloff et Bela Lugosi et La Belle Revanche de Paul Mesnier avec Pauline Carton. Certaines semaines, un seul film est au programme avec une attraction importante, comme la semaine du 11 janvier 1939 avec Vacances de George Cukor accompagné de la prestation sur scène de la grande Mistinguett ou bien Une nuit à l’opéra de Sam Wood avec les Marx Brothers accompagné de la revue Bouquet de folies.
Lorsque la guerre éclate, l’Alhambra propose le double programme Le Père Lebonnard de Jean de Limur avec Jean Murat et Pensionnat de jeunes filles de John Brahm, les deux films étant à l’affiche depuis le 30 août 1939. La salle rouvre le 4 octobre 1939 avec le film musical américain Rosalie de W. S. Van Dyke et Le Coupable de Raymond Bernard avec Pierre Blanchar. Durant l’année 1940, les films se succèdent sur l’écran de l’Alhambra avec des productions de la Metro-Goldwyn-Mayer, de la RKO Pictures ainsi que des films français. Alors que les allemands entrent dans Paris le 14 juin 1940, l’Alhambra affiche depuis le 12 juin le western Le Flambeau de la liberté de Jack Conway. L’exploitation cinématographique de la salle s’interrompt jusqu’en 1949.
La réouverture du cinéma l’Alhambra en 1949, après neuf ans d’inactivité.
En 1949, pour la première fois depuis la Libération, la presse professionnelle évoque une importante chute des recettes de spectacles, en particulier sur le mois de décembre traditionnellement porteur. D’après une étude comparative, la Cinématographie française du 11 février 1950 indique que le secteur du cinéma est le plus touché. Pourtant, l’Alhambra revient à la formule proposant un film en première exclusivité accompagné d’un spectacle de music-hall. C’est avec le film La Ville abandonnée de William Wellman avec Gregory Peck, Anne Baxter et Richard Widmark que la salle renoue, à partir du 8 juillet 1949, avec le Septième art. Dès lors, les films programmés en exclusivité s’y succèdent dont, parmi eux, Scandale en première page de Robert B. Sinclair avec Tyrone Power à l’affiche le 9 septembre 1949, Occupe-toi d’Amélie de Claude Autant-Lara avec Danielle Darrieux le 16 décembre 1949 programmé conjointement avec le Normandie et l’Olympia ou La Rivière d’argent de Raoul Walsh avec Errol Flynn à l’affiche le 11 janvier 1950 également au Napoléon, au Comoedia et à l’Olympia.
En 1950, les statistiques du Centre national de la cinématographie (CNC) indiquent une baisse de la fréquentation dans les cinémas des Grands boulevards compensée par une augmentation du nombre d’entrées enregistrées dans les salles des Champs-Elysées. Alors qu’en mars 1950, on assiste à une libération du prix des places, on enregistre une nouvelle chute générale de la fréquentation, celle-ci étant légèrement plus accentuée dans les salles d’exclusivité que dans les salles de quartier. La rénovation de l’Alhambra en 1950 intervient dans ce contexte.
Pierre Andrieu, directeur de l’Alhambra, initie d’importants travaux en vue de moderniser la salle dont les transformations sont relatées dans la revue La Cinématographie française: « Les travaux d’embellissements se sont portés particulièrement sur la peinture qui a été entièrement refaite, exigeant la construction d’un immense échafaudage afin d’atteindre la hauteur du 5ème étage où se trouve le sommet de la salle. Ils ont été suivis par l’installation d’un grand écran, extensible sur quatre côtés, le seul à Paris et la mise en place de d’une façade au néon. Le nouvel écran mesure 11m x 7m. Ces aménagements et l’engagement de vedettes cotées du music-hall ont été complétés par un important affichage ». L’article précise que M. Andrieu envisage une augmentation de 150% des recettes en mettant en avant le goût du public pour le cinéma et son désir de voir un spectacle complet.
Ci-dessus: Les Maîtres nageurs de Henri Lepage à l’affiche de l’Alhambra le 19 janvier 1951 ainsi qu’au Lord Byron, à la Cigale, au Parisiana, au Latin et aux Images. Le Train sifflera trois fois de Fred Zinnemann en exclusivité le 26 septembre 1952 à l’Alhambra ainsi qu’au Parisiana, à la Cigale, au Comoedia, au Cinémonde Opéra et au Monte-Carlo.
Parmi les films présentés dans l’Alhambra rénové, citons Les Derniers jours de Pompei de Marcel L’Herbier et Paolo Moffa avec Micheline Presle et Georges Marchal le 14 avril 1950 également à l’affiche de l’Olympia et du Ritz, L’Héritage de la chair d’Elia Kazan le 28 juin 1950, Au p’tit zouave de Gilles Grangier avec François Périer le 14 juillet 1950 également au Normandie et au Paramount ou enfin La Charge héroïque de John Ford avec John Wayne le 27 juillet 1950 également au Comoedia et à l’Olympia.
Ci-dessus: l’année 1953 dans la salle de l’Alhambra.
Ci-dessus: Edith Piaf sur la scène de l’Alhambra dès le 26 février 1954.
La Fox sort La Rose noire d’Henry Hathaway dans une vaste et inédite combinaison de sept salles parisiennes incluant, en plus de l’Alhambra, les cinémas Ermitage sur les Champs-Elysées, Max Linder sur les Grands boulevards, Moulin Rouge, Olympia et, sur la Rive gauche, les établissements de Joseph Rytmann le Miramar et le Théâtre de Montrouge, le futur Mistral. Le film enregistre 135.222 entrées en quinze jours.
L’Alhambra poursuit sa programmation de films de qualité avec, à partir du 22 juin 1951, le film soviétique La Chute de Berlin de Mikhail Tchiaoureli ou, le 31 août 1951, le western américain Winchester ’73 d’Anthony Mann avec James Stewart. Par la suite, la programmation de l’Alhambra est essentiellement constituée de films populaires, plus ou moins tombés dans l’oubli aujourd’hui, comme L’Aigle du désert de Frederick De Cordova avec Yvonne De Carlo le 28 septembre 1951, Piédalu à Paris de Jean Loubignac le 12 octobre 1951, Le Voleur de Tanger de Rudolph Maté avec Tony Curtis le 27 février 1952, La Mission du commandant Lex d’André De Toth avec Gary Cooper le 6 novembre 1953, Mon frangin du Sénégal de Guy Lacourt avec Raymond Bussières le 20 novembre 1953 ou encore Le Vagabond des mers de William Keighley avec Errol Flynn le 30 décembre 1953.
Ci-dessus: Tempête sous la mer de Robert D. Webb en Cinémascope le 9 avril 1954 ainsi qu’à l’Ermitage.
Ci-dessus: Papa longues jambes de Jean Negulesco en Cinémascope le 30 septembre 1955 ainsi qu’à l’Ermitage, au Max Linder et aux Images.
Ci-dessus: la reprise d’Autant en emporte le vent de Victor Fleming à l’Alhambra le 9 décembre 1955.
Ci-dessus: la salle en 1955.
Le Cinémascope arrive à l’Alhambra avec les sorties de Rivière sans retour d’Otto Preminger avec Robert Mitchum et Marilyn Monroe le 3 septembre 1954, du film musical Rose Marie de Mervyn LeRoyle le 4 mars 1955 et de Papa longues jambes de Jean Negulesco avec Fred Astaire et Leslie Caron le 30 septembre 1955. Les continuations de la reprise d’Autant en emporte le vent de Victor Fleming, projeté dès le 22 juillet 1955 au cinéma le Paris sur les Champs-Elysées, au Gaumont-Palace et au Berlitz, sont poursuivies à l’Alhambra le 9 décembre 1955, alors que le film n’est plus visible les cinq mois suivant la reprise. La suite de la programmation est composée de films des studios de la Metro-Goldwyn-Mayer comme La Pantoufle de verre de Charles Walters avec Leslie Caron le 23 décembre 1955, Association criminelle de Joseph H. Lewis le 6 janvier 1956, La Dernière fois que j’ai vu Paris de Richard Brooks avec Elizabeth Taylor le 1er juin 1956 ou encore L’Aventure fantastique de Roy Rowland avec Robert Taylor, le 15 juin 1956.
Le 12 février 1956, la première du film L’Enfer des hommes de Jesse Hibbs avec Audie Murphy a lieu à l’Alhambra. Pour cet événement, la garde d’honneur américaine, accompagnée d’une fanfare militaire de cent exécutants, accueille les invités depuis la place de la République jusque dans la salle.
L’Alhambra-Maurice Chevalier dédié au music-hall.
Le 28 septembre 1956, l’établissement dirigé depuis 1949 par sa propriétaire Madame Jane Breteau, est rebaptisé Alhambra-Maurice Chevalier et se consacre exclusivement au music-hall abandonnant, pendant un temps, la programmation d’œuvres cinématographiques. Le premier programme composé par Jane Breteau et Jacques Canelli comprend en première partie une importante suite d’attractions de premier ordre accompagné par l’orchestre de Michel Legrand: les marionnettes de Georges Lafaye, les célèbres Romanos, le fantaisiste Raymond Devos et les ballets 631. En seconde partie, c’est le tour de chant de Maurice Chevalier, dont c’est la rentrée à Paris, qui y est consacré.
Ci-dessus: Révolte à Saint-Petersbourg à l’affiche le 26 juin 1959.
Ci-dessus: Les Amants de demain de Marcel Blistène à l’affiche le 28 août 1959. La Reine diabolique, impératrice de Chine de Li Han Hsiang le 27 avril 1964
Ci-dessus: Quo vadis de Mervyn LeRoy à l’affiche le 15 juin 1960.
Ci-dessus: Jean Poiret et Michel Serrault sur la scène de l’Alhambra le 11 septembre 1959. Création sur scène de West Side Story en 1961.
A la rentrée 1960, le 16 septembre, l’Alhambra Music-Hall met en place une « opération baisse des prix » à titre expérimental en diminuant de moitié le prix des places, l’orchestre étant à 5 NF au lieu de 10 NF et les autres places à 3 et 4 NF. Le music-hall présente ainsi, pendant près de deux heures et demi, un spectacle composé de variétés et d’attractions pour un tarif inférieur à ceux des cinémas de première exclusivité des Champs-Elysées et des Grands boulevards. La direction de l’Alhambra espère ainsi remplir les 2.700 fauteuils de sa vaste salle. Les artistes les plus populaires occupent la scène alors que la programmation de films reste ponctuelle, en particulier durant la période estivale. Citons le péplum américain Quo vadis de Mervyn LeRoy à l’affiche le 15 juin 1960, Les Chevaliers de la Table ronde de Richard Thorpe le 13 juillet 1960, La Loi du Seigneur de William Wyler le 4 juin 1961, le film chinois La Reine diabolique, impératrice de Chine de Li Han Hsiang le 27 avril 1964 ou bien Guerre au trafic d’opium de Cheng-Chun-Li le 11 mai 1966.
Alors que le spectacle sur glace Blanche Neige et les sept Nains donne sa dernière représentation le 19 février 1967, l’Alhambra annonce une relâche qui, dans les faits, aboutit à la fermeture définitive de la salle. Quelques mois plus tôt, le 10 décembre 1966, le quotidien L’Intransigeant annonçait déjà la vente de l’Alhambra à un important groupe immobilier et une démolition prévue de la salle. Le journal s’interroge sur les conditions d’obtention du permis de destruction de l’historique théâtre en évoquant les « remous provoqués l’an dernier par la démolition de l’Ambigu, lui aussi destiné à devenir un immeuble commercial ».
L’Alhambra reste aujourd’hui dans les mémoires pour son passé de music-hall. Mais la salle Art-déco construite pour le cinéma parlant a, pendant des années, inscrit le Septième art dons son plus bel écrin.
Textes: M. Thierry Béné
Documents: La Construction moderne, La Cinématographie française, Le Film français, Gallica-BnF, France-Soir, La Semaine de Paris
Du temps de Pierre Andrieu et Jane Breteau, une équipe de peintres en lettres et décorateurs (dont mon père, mes sœurs, mon frère et moi, faisions partie ainsi que Mr Laporte, Mr Tibloux, Mr Ino Benhamias, Mr Raphael Aguilera) travaillaient au sous-sol, dans ce qu’on appelait « le couloir des pompiers ».
On y peignait les programmes des films et des artistes qui s’y produisaient à partir de la décennie 1950-… En suivant les couloirs, quand notre travail nous laissait un peu de temps, on accédait à la salle, discrètement pour voir… Aznavour… Edith Piaf et beaucoup d’autres!
Que de bons souvenirs!
Un festival de rock eut lieu fin septembre 1966, dans lequel Bill Haley and his Comets triomphèrent.